Un jeune homme « serviable et poli » présentant une légère déficience intellectuelle a abusé pendant des mois de la gentillesse d’un couple d’amis en piégeant leurs fils de 7 et 8 ans par l’entremise des jeux vidéo. Le pédophile Jeffrey St-Arneault a été condamné à quatre ans d’emprisonnement pour ses « crimes odieux » commis pendant la pandémie.

« Il sait se faire petit. Personne ne l’avait soupçonné. Tout le monde était très surpris », a résumé en cour l’avocate de la défense, MDelphine Tremblin. Les parents des victimes ne se doutaient pas une seconde qu’en acceptant d’accueillir Jeffrey St-Arneault dans leur demeure pendant quelques mois, en 2020, ils avaient laissé le loup entrer dans la bergerie.

Le Montréalais de 24 ans a plaidé coupable à des accusations de leurre informatique, d’incitation à des contacts sexuels, de contacts sexuels, de production et de distribution de pornographie juvénile au début de l’été au palais de justice de Montréal. Il a notamment été pincé avec un millier d’images et une trentaine de vidéos de pornographie juvénile.

C’est d’ailleurs lors de l’enquête pour distribution de pornographie juvénile sur l’application Snapchat que les policiers ont découvert que Jeffrey St-Arneault était devenu « proche » des enfants de la famille en jouant à des jeux vidéo. Ainsi, même après son départ, le prédateur jouait toujours en ligne avec les garçons de 7 et 8 ans.

Pendant leurs échanges virtuels, Jeffrey St-Arneault insistait souvent pour que les garçons lui montrent leur pénis ou leurs fesses. Le pédophile a aussi demandé à l’un des enfants de mettre son pénis dans sa bouche, ce que le garçon a refusé de faire.

Les enfants ont toutefois accepté de prendre certaines poses suggestives, tout en portant leurs vêtements. Le prédateur s’empressait alors de faire une capture d’écran de la scène. Dans un autre évènement, un garçon aurait mis ses fesses sur la figure de l’accusé dans la cuisine de la maison. À l’étonnement du juge Christian M. Tremblay, on ignore quelles conséquences ces crimes ont eues sur les garçons.

À cette époque, Jeffrey St-Arneault était soumis à une interdiction de naviguer sur l’internet dans un dossier similaire au palais de justice de Saint-Jérôme. Il a été condamné à deux ans de détention en 2021 pour cette autre affaire de leurre et d’incitation à des contacts sexuels sur des enfants. Sa peine totale s’élève donc à six ans.

Une enfance « très, très difficile »

Pour justifier cette suggestion commune de peine relativement clémente compte tenu de l’arrêt Friesen de la Cour suprême – qui a durci les peines contre les agresseurs d’enfants –, les avocats ont souligné le profil « particulier » de l’accusé. Selon son avocate, Jeffrey St-Arneault a eu une enfance « très, très difficile » au sein d’une famille « très dysfonctionnelle », étant carrément abandonné par sa mère.

Aussi, Jeffrey St-Arneault présente une légère déficience intellectuelle et une scolarité du niveau primaire. « C’est un monsieur très isolé qui est resté coincé dans l’enfance et l’adolescence. Il a beaucoup de difficulté à se faire des amis adultes de son âge. Il a vécu de l’intimidation plus jeune », a expliqué MTremblin.

De plus, Jeffrey St-Arneault a « tout déballé » aux enquêteurs et se dit prêt à participer à toutes les évaluations et à tous les programmes possibles, a plaidé MTrembin. « Je me sens mal. Désolé », a déclaré l’accusé pendant l’audience.

Le juge Tremblay a entériné cette suggestion en retenant ces facteurs atténuants, tout en soulignant le lien de confiance avec les victimes et la longue période des crimes. Le juge rappelle toutefois qu’il ne faut surtout pas « banaliser » les infractions de pornographie juvénile, puisque les jeunes sur ces images sont des « victimes d’abuseurs ».

Le juge a finalement lancé un avertissement à Jeffrey St-Arneault. « Il est certain que si jamais il ne comprend pas sa leçon et qu’il ne fait pas les changements nécessaires, la prochaine fois […], il va repartir au pénitencier pour plusieurs années. Ils pensent tous qu’ils sont plus forts que le système, mais tôt ou tard, ils se font reprendre. »

MGabrielle Delisle a représenté le ministère public.