Une arme à feu retrouvée sur la scène immédiate d’une tentative de meurtre quatre jours après les évènements. Deux employés d’un restaurant qui la manipulent avant qu’un gérant se décide d’appeler la police une heure et demie plus tard.

Le jour 2 du procès pour meurtres et tentative de meurtre du présumé tueur à gages Frédérick Silva a beau avoir été court jeudi, les quelques témoignages entendus d’employés d’un restaurant à la sortie duquel l’un des crimes est survenu soulèvent des questions sur les circonstances entourant la découverte d’un revolver.

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Frederick Silva.

Silva, 41 ans, est accusé de trois meurtres, mais aussi d’avoir tenté de tuer par balles le mafieux Salvatore Scoppa alors que ce dernier sortait du restaurant Houston du secteur Lachenaie, à Terrebonne, le soir du 21 février 2017.

Le soir des évènements, les techniciens en scène de crime de la police de Terrebonne et de la Sûreté du Québec ont passé le stationnement du restaurant et les allées voisines au peigne fin, mais ce n’est que quatre jours plus tard, le 25 février, qu’un revolver a été découvert dans la neige, près d’un bac de récupération de torchons souillés, dans une ruelle séparant le restaurant Houston et une pizzéria.

Un ancien employé du restaurant de la Montée des Pionniers, où se sont déroulés les évènements a raconté que le soir du 25 février 2017, durant sa pause, il est sorti fumer une cigarette sur le côté de l’établissement lorsqu’en balayant la neige avec ses pieds, une arme à feu est apparue.

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« Je l’ai prise avec mon petit doigt, parce que je ne voulais pas laisser d’empreinte. Je la tenais par la gâchette (probablement le pontet qui cerne la détente). J’ai regardé si c’était une vraie. J’ai vu les douilles qui étaient dans le chargeur. J’ai avisé mon superviseur qui m’a dit de la remettre par terre », a-t-il décrit au juge Marc David de la Cour supérieure qui préside le procès.

Les clients d’abord

Un superviseur, chef et gérant de cuisine au Houston, a témoigné que le 25 février 2017 était un samedi, que la soirée était très occupée et qu’il a attendu de « finir le rush » avant d’appeler la police.

Entretemps, un ancien plongeur aujourd’hui étudiant en technique policière-a sorti les poubelles et a vu à son tour l’arme découverte d’abord par son collègue et dont ce dernier lui avait parlé.

« J’ai pris une photo de l’arme avec mon cellulaire, au cas où elle disparaisse, avant que la police arrive. J’ai pris un chiffon noir pour la manipuler par la crosse. Elle était lourde et petite. La crosse avait une texture rugueuse. Elle était un peu brunâtre et le reste de l’arme était noir. Je voyais qu’il y avait deux balles de chaque côté (dans le barillet). J’étais curieux de voir si l’arme avait servi. J’ai poussé (sur le barillet) pour voir, mais je n’ai pas réussi et j’ai redéposé l’arme », a raconté l’aspirant policier.

« Je suis retourné travailler. J’ai demandé à un cuisinier ce qu’il ferait s’il avait trouvé l’arme. Il m’a dit que c’est impossible que ce soit l’arme du crime, que la SQ avait fouillé et ne l’avait pas trouvée. Il m’a dit de ne pas en parler pour ne pas créer de panique. J’avais des inquiétudes. Je me demandais pourquoi personne n’appelait la police », a poursuivi le témoin.

C’est finalement vers 21 h, environ une heure 30 après la découverte de revolver, que la police de Terrebonne a été appelée. Il pleuvait ce soir-là et un policier a demandé que l’arme soit recouverte au superviseur qui a déposé une boite de carton sur le revolver et qui a dit à ses employés de ne pas lui toucher.

Les policiers sont arrivés peu après, ont récupéré le revolver de marque Smith & Wesson et ont demandé au plongeur d’effacer la photo qu’il avait prise avec son téléphone.

Il y avait des douilles dans le barillet, mais pour le moment, aucun témoin n’est venu dire avec certitude si celles-ci ont été percutées ou non. Le procès fait relâche vendredi et se poursuivra lundi.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.