Les frères Salvatore et Andrew Scoppa auraient voulu éliminer au moins 20 individus liés au crime organisé montréalais en 2016.

C’est ce que l’ex-tueur à gages de la mafia devenu taupe pour la police a raconté mercredi, au procès de Marie-Josée Viau et de Guy Dion, accusés de complot et de participation aux meurtres des frères Vincenzo et Giuseppe Falduto, dans le garage de leur propriété à Saint-Jude, près de Saint-Hyacinthe, le 30 juin 2016.

Cet ex-tueur à gages a confirmé l’existence d’une liste – qu’il surnomme « menu » – d’individus que les frères Scoppa voulaient éliminer.

Il a approuvé une succession de prénoms, noms et surnoms lus par MMylène Lareau de la défense : Mucci, Nick Spagnolo, Pancho Cuntrera, Vanelli, Salvaggio, Mario Sollecito, Steve Sollecito, BM, Jedi, Salvatore Brunetti, Gator, Fred Silva et son partenaire Jay, Moose, Charlie Renda, Tiberio, Marco Pizzi et Del Balso.

« Il y avait tellement de gens que ça se peut que j’en aie oubliés », a dit le témoin, ajoutant que les frères Falduto n’étaient pas sur la liste à l’origine, mais qu’ils y ont été ajoutés peu après que Vincenzo a été libéré de prison.

En matinée, l’ex-tueur à gages a indiqué que les meurtres étaient ordonnés par les frères Scoppa, mais vraisemblablement pour le compte de Victor Mirarchi.

« Victor est le maître en arrière. C’était prévu que quand Victor sortirait [de prison], dépendamment comment ça irait, on allait ensuite péter les frères Scoppa pour démontrer que Victor n’était pas là-dedans », a dit le témoin.

Il y a une douzaine de jours, au sujet de Victor Mirarchi, le tueur à gages avait raconté avoir parlé de l’implication de ce dernier dans les meurtres à Charlie Renda. Les deux hommes discutant d’une réplique possible des Siciliens, Renda aurait dit : « Non, pas Victor, nous en avons besoin pour le pipeline », selon le tueur à gages, qui a expliqué que le pipeline « était la porte pour faire rentrer de la cocaïne ».

« Je l’ai regardé dans les yeux, il m’a regardé… »

Mercredi, la taupe de la police a aussi raconté les circonstances entourant le meurtre de Rocco Sollecito, qu’il a commis le 27 mai 2016, mais pour lequel Marie-Josée Viau et Guy Dion ne sont toutefois pas accusés.

Rocco Sollecito a été tué à bord de son VUS : un véhicule qui roulait devant lui, conduit par un complice dont on doit aussi taire l’identité, s’est arrêté longuement à un arrêt obligatoire, et le tueur est sorti d’un abribus pour tirer sur la victime impuissante.

« Je l’ai regardé dans les yeux. Il m’a regardé dans les yeux. Je ne peux pas m’expliquer, mais il n’a pas essayé de faire quoi que ce soit. Je lui ai pété deux balles dans la tête et j’ai vidé le chargeur après », a décrit le témoin, ajoutant ne plus se souvenir de la date du crime, car « cela n’a pas marqué [s]a mémoire ».

L’ancien tueur a dit avoir commis ce meurtre notamment pour des raisons personnelles, car il avait vu sur Facebook que Rocco Sollecito était ami avec certains de ses violeurs.

Il a ajouté qu’après le meurtre, lui et un individu surnommé Brad Pitt – car on ne peut révéler sa véritable identité – se sont rendus chez le couple Viau-Dion à Saint-Jude pour brûler les casques d’une moto utilisée lors du crime et que « Marie-Josée Viau a servi à faire disparaître les traces, casques et armes ».

Il dit que lui et Brad Pitt devaient recevoir 300 000 $ des frères Scoppa, mais qu’ils n’ont reçu que 25 000 $ chacun, et que, de cette somme, ils ont donné 5000 $ au complice de l’arrêt obligatoire.

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