Un capitaine de la mafia qui voulait faire torturer son bras droit qui lui, de son côté, aurait trahi et voulu faire éliminer ses complices.

C’est un véritable climat de paranoïa, de suspicion et de trahison qui régnait parmi les individus qui auraient pris part, de près ou de loin, aux meurtres des frères Giuseppe et Vincenzo Falduto, selon un ancien tueur à gages de la mafia qui témoigne depuis plusieurs jours au procès devant jury de Marie-Josée Viau et de Guy Dion.

Le couple est accusé d’avoir comploté et d’avoir participé à l’assassinat des frères Falduto survenu dans le garage de sa propriété à Saint-Jude, près de Saint-Hyacinthe, le 30 juin 2016.

Deux ans et demi après le crime, l’individu qui a exécuté les frères s’est mis à collaborer avec la police et a piégé Marie-Josée Viau et Guy Dion en les faisant revenir sur le crime et en les enregistrant à leur insu.

Jeudi, l’ex-tueur a témoigné que lorsqu’il avait tué les Falduto, un individu surnommé Brad Pitt depuis le début du procès – car on ne peut dévoiler son identité – devait tirer, mais qu’il avait paniqué et « cour[u] partout comme une poule pas de tête ».

Selon son témoignage, Brad Pitt était un homme de main du mafieux Salvatore Scoppa dont il souhaitait devenir le capo.

Offre d’emploi de la SQ

Jeudi, l’ancien tueur à gages a raconté que dans les mois qui ont suivi les meurtres des frères Falduto, Brad Pitt aurait mis sa vie en danger en faisant circuler le bruit qu’il était informateur de police et en disant aux Siciliens que c’est lui qui avait tué le mafieux Rocco Sollecito.

Brad Pitt aurait aussi demandé au tueur à gages de tuer Marie-Josée Viau, car elle aurait travaillé pour la Sûreté du Québec.

Questionnée à ce sujet par le tueur à gages sur les enregistrements réalisés à son insu, Marie-Josée Viau, qui est technicienne en génie civil, a répondu qu’elle ne travaillait pas pour la SQ, mais que celle-ci lui avait envoyé une offre d’emploi pour les égouts et conduites d’eau de la prison de Bordeaux à côté de laquelle, ironiquement, elle subit son procès aujourd’hui.

L’ex-tueur à gages a également dit qu’en 2017, Brad Pitt voulait qu’il exécute des personnes qui devenaient plus importantes dans l’entourage de Salvatore Scoppa, dont un certain Pacer, et deux autres individus surnommés BM et Jedi.

« Brad Pitt, c’est un virus », a laissé tomber le témoin.

Roulé dans un tapis

Ce dernier a également raconté qu’en 2018, il avait croisé Salvatore Scoppa dans le secteur de la rue Girouard et que ce dernier lui avait demandé de mettre Brad Pitt dans un tapis.

« Sal [Salvatore Scoppa] nous a demandé de ramasser Brad Pitt et de le mettre dans un tapis et de lui amener, pour qu’il puisse le torturer un peu. Il était prêt à donner 100 000 $ ou 200 000 $ pour Brad Pitt », a indiqué le témoin, ajoutant qu’un certain Charlie Renda offrait également 100 000 $ pour l’homme au surnom du populaire acteur américain.

Le tueur à gages a aussi expliqué que le soir des meurtres des frères Falduto, Marie-Josée Viau et Guy Dion devaient recevoir 10 000 $ des mains de Brad Pitt, mais que ce dernier ne les avait pas payés, le couple n’ayant reçu qu’une bouteille de vin, selon les enregistrements.

Alors que la veille, le témoin affirmait que Viau et Dion ne savaient pas que les meurtres des Falduto seraient commis chez eux ce jour précis, il a déclaré jeudi que le couple s’incriminait et racontait tout ce qu’il avait fait sur les enregistrements.

Les meurtres des frères Falduto et de Rocco Sollecito ont été commis dans le cadre d’un conflit entre factions calabraises et sicilienne de la mafia montréalaise. Salvatore Scoppa a été tué dans un hôtel de Laval en mai 2019.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.