L’ancien tueur à gages de la mafia, qui a tué les frères Vincenzo et Giuseppe Falduto dans le garage de Marie-Josée Viau et de Guy Dion à Saint-Jude à l’été 2016, affirme que le couple ignorait que les meurtres seraient commis chez eux, à ce moment précis.

Le contre-interrogatoire de cet ancien tueur à gages devenu taupe pour la police, et dont on doit taire l’identité, s’est poursuivi mercredi, au procès devant jury de Marie-Josée Viau et de Guy Dion, accusés d’avoir comploté et d’avoir participé aux meurtres des deux frères, commis sur leur propriété le 30 juin 2016.

Ce n’est que deux ans et demi après les meurtres que la taupe a communiqué avec la police pour l’aider à résoudre les meurtres.

À l’été 2019, l’ancien tueur a feint une rencontre fortuite pour reprendre contact avec Viau et Dion et les faire parler sur les meurtres, tout en les enregistrant à leur insu avec un système d’enregistrement portatif, lors de cinq scénarios d’infiltration.

Après les meurtres des Falduto, Viau et Dion ont, selon la théorie de la poursuite, brûlé les corps à ciel ouvert durant des heures, gratté la terre sous le foyer, jeté celle-ci et les cendres dans une rivière, lavé le plancher du garage et la voiture avec laquelle les frères étaient arrivés avec des litres d’eau de javel et fait disparaître toute trace du crime.

Rien de prêt

« Le soir des meurtres, personne ne pensait que ça allait se passer sur leur terrain, tout le monde pensait que c’était pour se passer ailleurs. Il aurait dû y avoir du plastique sur le plancher du garage et à notre arrivée rien n’était prêt. Le garage, c’était la pièce la plus importante et elle aurait dû être sécurisée. Marie-Josée et Guy, ce ne sont pas des endormis, ils auraient été prêts. En panique, ils ont fait ce qu’ils avaient à faire avec les deux corps. Ce n’est pas le genre de Guy de partir répondre à un appel et de laisser sa femme avec tout ça », a répondu l’ex-tueur à gages à des questions posées par MMylène Lareau de la défense.

Celle-ci a aussi tenté de mettre en contradiction le témoin avec certaines déclarations voulant qu’il eût placé une arme à feu dans un pneu dans le garage, alors que Marie-Josée Viau dit que c’est elle qui l’a fait sur l’un des enregistrements faits à son insu.

« Marie et Guy, ça a été dur pour eux. Ils en ont fait des cauchemars. Ils ont failli se séparer » a ajouté le témoin, affirmant que le couple était en colère contre un individu désigné comme étant Brad Pitt depuis le début du procès, car on ne peut dévoiler son identité. Celui-ci aurait participé à la préparation des meurtres des Falduto, selon la preuve entendue.

La clé : Brad Pitt

L’ex-tueur à gages a dit avoir connu Brad Pitt dans un pénitencier vers 2013, après avoir eu comme mandat de protéger ce dernier. Le témoin a dit que le mandat lui a été donné par un certain Piero Arena, qui lui-même aurait reçu la commande de Charlie Milioto.

Il a aussi reproché à la police de ne pas avoir effectué plusieurs scénarios d’infiltration auprès de Brad Pitt, car cela aurait pu permettre, selon lui, d’atteindre (Victor) Mirarchi. « C’est Brad Pitt qu’il fallait canner pour se rendre le plus haut possible. Après, le plan, c’était de tuer les Scoppa pour que Mirarchi prenne le pouvoir », a déclaré le témoin.

Au sujet du meurtre de Salvatore Scoppa commis en 2019, la taupe a raconté que Brad Pitt lui a dit que le tueur « marchait comme lui, était calme et ne manquait pas sa cible ».

« Si ça avait été moi, j’aurais tiré Salvatore Scoppa à l’extérieur, pas devant ses enfants », a dit le témoin, en soulignant toutefois que le tueur avait eu le courage de finir son travail.

Le témoin a par ailleurs annoncé son intention de poursuivre des policiers et des médecins une fois les procédures terminées, affirmant que ses droits ont été bafoués.

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