L’ancien tueur à gages qui a permis à la police d’élucider trois meurtres commis au sein de la mafia en 2016 avait commencé à infiltrer d’autres individus, dont le mafieux Andrew Scoppa, en 2019, lorsque sa collaboration avec la Sûreté du Québec a cessé.

C’est ce que cet ex-tueur à gages devenu agent civil d’infiltration (ACI) pour la police a raconté mardi, au procès devant jury de Marie-Josée Viau et Guy Dion, accusés d’avoir comploté et participé aux meurtres des frères Vincenzo et Giuseppe Falduto, tués par l’ACI lui-même sur le terrain du couple, à Saint-Jude, le 30 juin 2016.

L’homme, dont on doit taire l’identité, s’est manifesté à la police en décembre 2018 et a ensuite compromis Viau et Dion en les enregistrant à leur insu avec un système d’enregistrement portatif communément appelé en anglais body pack.

Contre-interrogé par MNellie Benoit, de la défense, l’ACI a confirmé qu’à la fin de l’été 2019, un deuxième volet de l’enquête baptisée Préméditer et portant sur des crimes au sein de la mafia avait été amorcé sur Charlie Renda et Andrew Scoppa.

« Soit il faut que tu déménages avec ta femme et tes enfants ou soit tu fais la guerre et tu tues tout le monde », a dit l’ACI à Andrew Scoppa, selon ce que l’ancien tueur à gages a raconté en cour.

L’ancien tueur à gages a expliqué que le plan était d’enregistrer (body-packer) à leur insu Renda et Scoppa. Il a ajouté qu’il avait reçu un message crypté de Scoppa sur son appareil mais que les policiers, qui avaient accès à ses communications, ont ouvert le message et ont répondu à Andrew Scoppa sans son consentement, a déploré l’ACI.

« Ils ont continué à envoyer des messages à Andrew sans moi, et tenté de mettre des micros pour essayer de pogner Andrew et Dominic en train de parler. Avec moi, il aurait été fait », a déclaré l’ACI, qui a ajouté s’être ensuite retiré de l’opération.

Encore très dur envers la Sûreté du Québec, en particulier envers les patrons de la lutte contre le crime organisé de la SQ, l’ACI a dit n’avoir jamais signé de contrat et ne pas avoir été payé pour ce volet supplémentaire de l’enquête, alors que sa vie aurait pu être menacée et que les membres du clan Scoppa auraient pu vouloir l’éliminer.

L’ACI a également mentionné que si la police lui avait donné le temps et si des officiers ne s’étaient pas mêlés de l’enquête, il aurait pu permettre les arrestations d’Andrew Scoppa et de (Victor) Mirarchi.

Il a aussi raconté que le jour où Salvatore Scoppa a été tué, un des proches de ce dernier a eu pour mandat de l’inviter à fumer une cigarette à l’extérieur mais que c’est finalement un autre de ses hommes qui aurait accompli cette tâche.

L’ancien tueur à gages, qui dit souffrir de problèmes de santé mentale, a admis à MBenoit avoir écrit des messages textes à ses policiers contrôleurs dans lesquels il soutenait avoir « été dans sa pire crise de santé mentale » durant l’enquête Préméditer.

Il est aussi revenu plusieurs fois sur une ancienne conjointe, intervenante dans une maison de transition, qui aurait voulu le faire tuer, a-t-il dit.

On a également appris durant le contre-interrogatoire que l’ACI, selon lequel les policiers n’auraient pas enquêté sur des agressions sexuelles dont il aurait été victime dans le passé, se serait adressé à #metoo pour dénoncer l’inaction des policiers et menaçait d’écrire à l’ancienne ministre de la Justice, Sonia LeBel.

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