Un homme de 43 ans qui traîne un lourd dossier criminel et qui venait de sortir d’un centre de réinsertion sociale a été formellement accusé jeudi du meurtre de Manon Savoie, cette femme de 54 ans morte mercredi après avoir été poignardée dans une boutique d’un centre commercial de Saint-Hyacinthe.

Marc-André Houle a comparu en matinée au palais de justice de Saint-Hyacinthe. Il fait face à cinq chefs d’accusation, dont meurtre au premier degré et tentative de meurtre.

Des chefs de voies de fait contre une autre personne ont aussi été déposés contre l’homme. Celui-ci est également accusé d’avoir volé un véhicule de marque Mitsubishi Fuso pour prendre la fuite et d’avoir conduit le véhicule « alors qu’il était poursuivi par un agent de la paix » sans s’être arrêté dès que les circonstances le permettaient.

« L’accusé sera de retour devant le tribunal le 3 septembre pour la suite des procédures », a indiqué jeudi la porte-parole du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), MAudrey Roy-Cloutier, en précisant que l’homme demeurerait détenu dans l’intervalle.

Selon le plumitif du ministère de la Justice que La Presse a consulté, Marc-André Houle traîne de lourds antécédents judiciaires, avec tout près d’une vingtaine de dossiers criminels le concernant qui ont été ouverts au cours des dernières années.

Le DPCP confirme que deux causes l’impliquant étaient déjà en cours à Montréal et devaient revenir devant le tribunal le 7 septembre. Ces dossiers concernaient notamment des accusations de voies de fait sur un agent, de vol d’un véhicule ainsi que de possession et de trafic de stupéfiants. Dans le passé, le suspect a aussi été accusé de non-respect des conditions, de vol et de plusieurs autres délits.

Sorti d’un centre de réinsertion

Depuis environ deux mois, l’accusé était sorti d’un centre de réinsertion sociale où il traitait des problèmes de consommation, soit l’Inter-Mission à Saint-Hyacinthe, dans le cadre d’un « programme alternatif à la détention ». Il avait des rencontres avec une intervenante à l’occasion, mais il était somme toute « libre de ses mouvements », a confié son agent de liaison chez l’organisme Toxi-Co Gites, Martin Rousse, en entrevue avec La Presse jeudi.

M. Rousse se dit « choqué » par les évènements, d’autant que l’homme avait été libéré après avoir complété une longue thérapie. « Quand l’équipe clinique a décidé qu’il avait terminé son cheminement avec succès, c’est parce qu’on était persuadés qu’il avait fait un bon travail sur lui et une certaine réhabilitation. Quand on dit qu’une thérapie est terminée avec succès, c’est parce que les gens ont fait du progrès », a-t-il expliqué.

Quand on voit des crimes comme ça, on est choqués, c’est sûr, surtout quand c’est des gens qu’on a côtoyés et connus. Mais c’est aussi surprenant que pour n’importe quel individu. C’est toujours un choc pour la société.

Martin Rousse, agent de liaison chez Toxi-Co Gîtes

Selon le professionnel, l’Inter-Mission « n’est pas un centre assurant des suivis intensifs », mais « surtout un endroit pour laisser une chance aux gens de ne pas se retrouver à la rue ». Il confirme par ailleurs que les enquêteurs de la Sûreté du Québec « sont venus interroger les intervenants et les surveillants » de l’établissement. « Ce sera aux autorités maintenant de déterminer ce qui s’est passé », résume-t-il.

Imposant déploiement policier

Aucun lien n’unissait le suspect et la victime, a confirmé la Sûreté du Québec jeudi. Manon Savoie aurait plutôt été « ciblée au hasard », alors qu’elle faisait des courses dans le centre commercial.

Mercredi, en début de journée, le corps policier avait déployé un important périmètre policier après avoir reçu des appels au 911 pour une femme ayant « subi des blessures lors d’une altercation physique avec un homme ».

Au moment de son transport vers un centre hospitalier, Manon Savoie, 54 ans, « était grièvement blessée ». Les autorités, qui disaient d’abord craindre pour sa vie, ont ensuite confirmé sa mort en milieu d’après-midi, vers 14 h. La victime était originaire de Saint-Pie, municipalité située à une vingtaine de kilomètres de Saint-Hyacinthe, dans la MRC des Maskoutains, en Montérégie.

Selon des images de caméras de surveillance diffusées par divers médias jeudi, le suspect serait entré dans la bijouterie où se trouvait la victime, avant de poignarder celle-ci et de prendre la fuite en quelques secondes. Il aurait dérobé un couteau dans une autre boutique du centre commercial.

Peu après les évènements, le suspect a pris la fuite à bord d’un véhicule. Il a finalement été arrêté au terme d’une longue poursuite policière à Saint-Jacques-le-Mineur, en Montérégie. Pendant ce temps, de nombreux clients du centre commercial ont été évacués afin de permettre aux autorités de faire leur travail. Des employés ont aussi été confinés dans certaines boutiques. La Sûreté du Québec avait demandé mercredi à la population d’éviter le secteur jusqu’à nouvel ordre.