(Repentigny) Des membres de la famille de Jean René Junior Olivier, qui a été abattu par des policiers dimanche à Repentigny, ont demandé « justice » pour lui, en conférence de presse lundi.

« J’attends la justice », a soutenu la mère du défunt, Marie-Mireille Bence, en point de presse devant le domicile familial. « Je suis en colère, a-t-elle poursuivi. J’appelle pour de l’aide et on tue mon fils ». Consternée, cette dernière exige des réponses de la part du corps policier de Repentigny. Lundi après-midi, proches, amis et organismes étaient sur place pour soutenir la famille immédiate et déposer des fleurs devant la maison.

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Marie-Mireille Bence tient une photo de son fils abattu dimanche par les policiers de Repentigny.

Au bord des larmes, Marie-Mireille Bence a remonté le fil des évènements de dimanche. « Mon fils me disait qu’il voyait des gens autour de lui qui voulaient lui faire du mal », a-t-elle raconté. Pour l’empêcher de se blesser avec le couteau qu’il tenait, elle a appelé le 911 vers 7 h 30. Lorsque les policiers sont intervenus, Jean René Junior Olivier aurait fini par déposer le couteau, selon Marie-Mireille Bence. « C’est là qu’il a été abattu », se désole la mère.

Kayshawn Olivier ne s’explique pas la perte de son père. « Pourquoi trois balles ? a-t-il dit. Mon père n’était pas menaçant envers la police. » Le jeune homme a fait valoir que les policiers auraient pu le maîtriser autrement.

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Le fils de la victime, Kayshawn Olivier

Selon le communiqué de presse du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI), les policiers auraient tenté « de verbaliser avec le sujet qui aurait pris la fuite à pied » et se serait montré menaçant » envers eux. Après ne pas avoir réussi à le maîtriser avec du poivre de Cayenne, les policiers auraient « tiré plusieurs coups de feu en direction de l’homme et l’ont atteint mortellement », a indiqué le BEI.

L’enquête du BEI est toujours en cours. Le Service de police de la Ville de Repentigny n’a pas voulu commenter les évènements.

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Les agents du Service de police de la Ville de Repentigny répondaient dimanche à un appel au 911, peu après 7 h 30, concernant une personne confuse et désorganisée, armée d’un couteau.

« Comme George Floyd »

La cousine du défunt, Dolmine Laguerre, souhaite qu’il y ait une mobilisation. « On veut que ça soit comme George Floyd, a-t-elle signifié. Les personnes noires n’ont pas de justice. » Cette dernière craint que ses enfants et ceux de la communauté noire en général subissent le même sort que Jean René Junior Olivier. « Sont-ils en sécurité, a questionné Dolmine Laguerre. Non, ils ne le sont pas. »

Marie-Mireille Bence a réitéré qu’elle ne faisait plus confiance aux policiers de la Ville. Elle s’est dit sceptique pour la suite des choses. « Le policier qui a fait ça, qu’est-ce qu’on va faire avec lui ? », a-t-elle questionné.

Présent aux côtés de la famille, Fo Niemi, directeur général du Centre de recherche-action sur les relations raciales, a rappelé que quatre dossiers de profilage racial à Repentigny avaient été reconnus par le Tribunal des droits de la personne. Le Service de police devrait être mis sous tutelle, a soutenu Pierre-Richard Thomas, coordonnateur de l’organisme Lakey Média.

Pour le président de la Ligue des Noirs du Québec, Max Stanley Bazin, le drame de dimanche n’est pas une surprise. « Lorsque j’ai reçu l’appel, je me suis dit : “ Encore Repentigny ”, a-t-il raconté. Ce sont des choses qui ne devraient pas se produire. »

Des manifestations se tiendraient prochainement, a annoncé Fo Niemi. « Je vais être là, a affirmé Dolmine Laguerre. En ce moment, il y a beaucoup de journalistes, mais dans quelques jours, l’histoire va être morte. J’aimerais qu’on aille vers une certaine justice. »

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La cousine du défunt, Dolmine Laguerre

« Ça marque une distance »

Pierre-Richard Thomas a soulevé que Repentigny n’avait toujours pas offert ses condoléances en après-midi. « Ça marque une distance entre les responsables de la ville et la population noire », a-t-il soutenu.

Lors d’un point de presse plus tard dans la journée, Helen Dion, directeur du Service de Police de Repentigny, s’est dite « sensible à la peine que vit la maman ». Cette dernière a indiqué que la mairesse, Chantal Deschamps, devait se joindre à elle pour communiquer avec Marie-Mireille Bence « le plus rapidement possible ».

Helen Dion a dit comprendre que la situation pouvait être « particulièrement éprouvante pour les citoyens noirs de Repentigny ». Elle a aussi exprimé son soutien aux policiers. « Aucun de nous ne se lève le matin avec une envie de dégainer une arme à feu », a-t-elle souligné.

Cette dernière a toutefois reconnu que le profilage racial touchait l’ensemble des institutions du Québec et qu’il était nécessaire de poursuivre la sensibilisation.