Le Hells Angels de la section de Sherbrooke, Steve Duquette, condamné pour complot de meurtre en 2015 dans la foulée des procédures de l’opération SharQc, vient d’être libéré d’office, aux deux tiers de sa peine, mais doit respecter plusieurs conditions.

Au départ, Duquette, 55 ans, avait été condamné à plus de 20 ans mais la Cour d’appel a réduit sa peine à 12 ans, après que le motard et d’autres Hells Angels eurent contesté leur incarcération à la suite de l’arrêt des procédures pour abus survenu à l’automne 2015, dans l’unique procès entamé dans la foulée de l’opération SharQc.

Duquette était l’un de ceux qui ont obtenu l’une des peines les plus sévères dans les procédures de l’opération SharQc effectuée le 15 avril 2009.

Il était en cavale au moment de la mégafrappe policière et avait été arrêté deux ans plus tard, alors qu’il se cachait en compagnie d’un autre Hells Angels, Michel Grenier, dans l’appartement d’un immeuble situé près du stade olympique à Montréal.

L’ancien Hells Angels devenu témoin repenti, Dayle Fredette, avait raconté aux policiers que durant la guerre des motards, en avril 2000, lui et Duquette ont tué par erreur un individu qu’ils ont pris pour un membre du club ennemi des Rock Machine, alors que ce dernier marchait dans la cour d’un centre de désintoxication, à Saint-Frédéric, en Beauce.

Un Hells Angels assumé

Dans leur décision rendue plus tôt cette semaine, les commissaires des libérations conditionnelles du Canada soulignent que Duquette ne veut pas quitter les Hells Angels, qu’il a continué de fréquenter des individus criminalisés durant son incarcération, que de l’écoute électronique révèle qu’il aurait donné son accord à ce que des représailles physiques soient prises à l’égard d'un codétenu, que le potentiel de réinsertion sociale du motard est évalué à faible et que ses niveaux de motivation et de responsabilisation sont évalués à modérés.

« Vous êtes membre d’une organisation criminalisée qui regroupe des individus criminalisés et dont la force repose, entre autres, sur un réseau de communication performant lui permettant de poursuivre ses activités criminelles, d’étendre son territoire et de développer son créneau d’activités illégales. Chaque personne gravitant au sein de l’organisation doit mettre l’épaule à la roue et, se faisant, s’impliquer dans des crimes diversifiés. Vous faites partie de ce groupe de motards criminalisés depuis plus de 25 ans, votre criminalité est directement reliée à cette affiliation et vous n’avez démontré aucune intention de vous en dissocier. Ainsi, malgré votre discours relativement à votre désir de prendre une certaine distance avec ce groupe, la Commission constate que vous avez maintenu vos participations aux activités et rassemblements organisés par cette organisation entre les murs et que vous avez maintenu des contacts étroits auprès de membres/relations de cette organisation tout au long de votre sentence », écrivent les commissaires, qui imposent des conditions à l’ancien membre des Evil Ones devenu Hells Angels en 1999.

Ainsi, le motard ne pourra fréquenter ou communiquer avec toute personne ayant des antécédents ou des activités criminelles, ou faisant partie d’une organisation criminelle, sauf deux individus non identifiés, proches de Duquette et réhabilités depuis plusieurs années.

Duquette devra également respecter un couvre-feu de 22 h et 6 h, divulguer toutes ses transactions financières, posséder un seul téléphone et une seule carte SIM, fournir à ses surveillants ses registres téléphoniques et ne pas fréquenter les débits de boisson.

Il ne reste plus que deux Hells Angels toujours incarcérés à la suite de leur condamnation dans l’opération SharQc : Normand Marvin Ouimet de la section de Trois-Rivières et Claude Morin de la section de Québec.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.