(Montréal) Le chirurgien esthétique Michel Chagnon, de Montréal, a été reconnu coupable d’avoir « posé des gestes abusifs à caractère sexuel » et d’avoir « tenu des propos abusifs à caractère sexuel » à l’endroit d’une patiente qui le consultait pour une augmentation mammaire et une abdominoplastie.

La décision du Conseil de discipline du Collège des médecins ne s’accompagne pas de sanctions pour l’instant, cette question devant encore être débattue entre les parties impliquées.

Le Dr Chagnon, qui exerce principalement au Centre de chirurgie Maisonneuve de Montréal et qui est médecin depuis 35 ans, a posé les gestes qu’on lui reproche lors de consultations survenues entre avril 2014 et février 2015.

La patiente, dont l’identité ne peut être rendue publique et qui est simplement identifiée comme Madame N, connaissait le médecin depuis son enfance, bien que les deux s’étaient perdus de vue depuis plusieurs années.

La patiente, alors dans la quarantaine, avait consulté le docteur Chagnon pour une augmentation mammaire et une abdominoplastie.

« Regarde l’effet que tu me fais »

Lors d’un rendez-vous postopératoire en avril 2014, le Dr Chagnon avait demandé à Mme N de se dévêtir, sauf pour sa petite culotte, et de s’installer devant le grand miroir dans son bureau. Se tenant derrière elle, il lui avait pris les deux seins, lui disant qu’ils étaient trop hauts, mais qu’ils allaient redescendre. Il était tellement proche de Mme N que celle-ci avait senti son érection contre ses fesses.

À la suite d’un autre rendez-vous en février 2015, au moment de quitter, le docteur Chagnon avait rappelé la patiente dans son bureau. Selon la décision du Conseil, une fois la porte fermée, Mme N avait aperçu le médecin avec le pantalon baissé, tenant son pénis en érection d’une main et lui disant : « Regarde l’effet que tu me fais ».

Le docteur Chagnon lui a alors fait un signe indiquant qu’il cherchait à obtenir une fellation, et ce, malgré le fait que sa conjointe était dans un des bureaux à proximité. Mme N avait alors effectué une fellation de courte durée avant de se ressaisir et de quitter.

Ce n’est qu’au mois de juin 2018, alors que Mme N s’était tournée vers le Centre d’aide aux victimes d’actes criminels en raison d’un ex-conjoint qui la harcelait depuis cinq ans, qu’elle s’était confiée à une intervenante pour la première fois.

Conversation enregistrée

En décembre, voulant confronter le médecin qui l’avait agressée, Mme N avait pris rendez-vous avec lui sous un faux prétexte et avait enregistré leur conversation à l’insu du docteur Chagnon. Le Conseil de discipline a accepté que cet enregistrement soit mis en preuve. « L’écoute attentive de l’enregistrement de cette rencontre convainc le Conseil qu’il s’agit d’un véritable aveu extrajudiciaire de la part du docteur Chagnon par rapport à sa conduite envers madame N qui est clair, sans ambiguïté et non équivoque », écrit-on dans la décision.

Fait à noter, Mme N avait aussi porté plainte contre le chirurgien pour agression sexuelle auprès du Service de police de la Ville de Montréal en mars 2019. En mai, des enquêtrices du SPVM avaient pris la déposition de Mme N, mais aucune accusation n’avait finalement été portée contre le docteur Chagnon.

Le mois suivant, en juin, elle avait fait une demande d’enquête au Bureau du syndic du Collège des médecins qui conclut que « le docteur Chagnon a donc, pendant la durée de sa relation professionnelle avec madame N, abusé de cette relation pour poser des gestes abusifs à caractère sexuel et tenu des propos abusifs à caractère sexuel ».