Malgré que Gregory Woolley ait réalisé certains progrès depuis son incarcération, les commissaires aux libérations conditionnelles du Canada refusent que l’ex-chef de gang puisse quitter la maison de transition et retourner chez lui, comme il le souhaitait.

Woolley, 49 ans, est toujours considéré par la police comme un membre important du crime organisé montréalais.

Il écoule depuis 2018 une troisième sentence fédérale de 96 mois pour gangstérisme, complot, possession et trafic de stupéfiants. En soustrayant la détention préventive, il lui restait toutefois 35 mois à purger.

Il avait été arrêté en novembre 2015 à l’issue de l’enquête Magot-Mastiff par laquelle la Sûreté du Québec, aidée d’autres corps de police, dont la GRC, a décapité une alliance mafia-motards-gang qui dirigeait le crime organisé montréalais.

À cette époque, Gregory Woolley, un ancien membre des Rockers, défunt club-école des Hells Angels, était considéré comme l’un des chefs de cette alliance.

Woolley a été libéré d’office – aux deux tiers de sa peine – en novembre dernier et doit respecter depuis plusieurs conditions, dont l’une d’assignation à résidence dans une maison de transition dont il a demandé qu’elle soit retirée.

Il devait témoigner devant les commissaires le mois dernier, mais il s’est désisté, et les commissaires ont dû baser leur décision sur leur analyse du dossier.

Il minimise son implication

Dans leur décision de six pages, les commissaires soulignent que Woolley a adopté un comportement conformiste en communauté depuis sa libération, qu’il n’a pas brisé ses conditions, qu’il a offert une collaboration adéquate avec ses agents de libération, qu’il a complété un programme correctionnel, qu’il a accepté d’être soumis à la surveillance électronique, qu’il passe beaucoup de temps en famille et qu’il suit des cours pour éventuellement occuper un emploi.

En revanche, les commissaires, citant notamment un rapport psychologique datant de février 2019, notent que la dangerosité sociale et le risque de récidive violente sont évalués de modérés à élevés dans le cas de Woolley.

Ils soulignent que l’ancien chef de gang a des réticences à dévoiler certains aspects de son monde et de son parcours criminel, ce qui les inquiète.

De plus, Woolley a reçu la visite d’un individu observé en compagnie de personnes d’intérêt et il a demandé de pouvoir aller dans un endroit fréquenté par des gens du crime organisé.

« Votre dossier fait également état d’un discours minimisant vos implications criminelles antérieures et les conséquences de vos gestes sur les victimes et la société en général. À plusieurs reprises dans votre dossier, nous pouvons lire que vous vous montrez prudent quant à vos propos et semblez peser vos mots, choisir votre discours ».

« Il est également spécifié que vous semblez être ambivalent quant à votre choix de poursuivre ou non dans le milieu criminel et vous apparaissez peu disposé à mettre de côté des amis et des relations de longue date. Vous envisagez également un emploi qui pourrait vous permettre de maintenir votre ancien rythme de vie, ce qui est relié à votre attrait pour l’argent », écrivent notamment les commissaires, en rejetant la demande de Woolley.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.

Qui est Gregory Woolley 

– Identifié comme une relation des Hells Angels

– Condamné en juin 2000 pour possession d’une arme. Il avait été arrêté alors qu’il s’apprêtait à prendre l’avion à l’aéroport de Mirabel avec un Magnum 44 chargé.

– Condamné en 2005 pour gangstérisme, complot pour meurtre et trafic de drogue à la suite de son arrestation dans l’opération Printemps 2001. Au départ, il avait été accusé de neuf meurtres, mais il a été acquitté de chacun d’entre eux.

– Dans la foulée de l’enquête Magot-Mastiff, il avait été accusé d’avoir comploté le meurtre de Raynald Desjardins, mais la poursuite a abandonné les chefs, n’ayant plus de preuve à offrir.