Le chef de gang Arsène Mompoint a été tué par balle en fin d’après-midi, sur le territoire autochtone de Kanesatake, près d’Oka, a appris La Presse de plusieurs sources.

Selon nos informations, Mompoint aurait été abattu d’au moins un projectile d’arme à feu au Green Room, dispensaire de cannabis situé rue Saint-Michel, près de l’endroit où avait eu lieu un important rassemblement il y a deux semaines.

D’après nos renseignements, Arsène Mompoint avait d’ailleurs été impliqué dans l’organisation de cet évènement.

Des sources nous ont indiqué qu’il y a quelques jours, il avait été avisé qu’il n’était plus le bienvenu sur le territoire autochtone.

Mompoint, 47 ans, dont le surnom était BM, pour Big Mouth, était un acteur important du crime organisé à Montréal et le chef d’un groupe qui exécutait des contrats de toutes sortes pour différentes factions.

Il était sorti de prison en avril dernier, après avoir été arrêté pour une transaction de méthamphétamine durant une enquête antidrogue. Cette enquête, baptisée Astérios, avait été menée par la Division du crime organisé (DCO) du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et visait un groupe de motards soupçonnés de trafiquer de l’héroïne.

Pour cette transaction, Mompoint avait été condamné à 29 mois en avril dernier, mais en soustrayant la période de temps passé en détention préventive, il ne lui était resté qu’une journée à purger.

Mompoint avait toutefois été soumis à une période de probation, et il lui était interdit de posséder une arme.

Un contractuel

Lors de son enquête sur remise en liberté – qui lui avait été refusée –, Mompoint avait témoigné et s’était présenté comme un adjoint gestionnaire de projets en construction. Il avait dit travailler pour une entreprise qui possède un chantier d’immeubles de condos de 30 millions de dollars à Terrebonne.

Mais un enquêteur de la DCO du SPVM, Francis Derome, avait quant à lui expliqué que Mompoint et son groupe étaient des « contractuels » pour le crime organisé.

« Juste avant l’été 2019, les informations de sources voulaient que M. Mompoint était actif dans les contrats de meurtres, donc trouvait des gens pour exécuter les contrats ou les faire lui-même. Ça revient régulièrement avec son nom, dans le milieu », avait raconté l’enquêteur.

Arsène Mompoint traînait un lourd passé judiciaire, surtout en matière de vol et de possession d’arme.

En juin 2017, il avait été condamné à 25 mois d’emprisonnement après avoir été arrêté avec une arme à feu.

Durant ces procédures, un autre enquêteur du SPVM avait révélé qu’Arsène Mompoint était relié aux gangs de rue d’allégeance rouge et qu’il avait été le chef d’un groupe qui aurait exécuté de nombreux contrats, dont des meurtres, pour le crime organisé, en particulier la mafia, au cours des dernières années.

PHOTO LA PRESSE

Le défunt chef de clan de la mafia Andrew Scoppa, à gauche, et le chef de gang Arsène Mompoint, à droite, lors d’une filature policière en 2016, durant l’enquête Estacade, qui visait Scoppa

Il avait notamment raconté que Mompoint était considéré par la police comme le chef des Unit 44, dont des membres ont été condamnés pour les meurtres de Gaétan Gosselin et de Vincenzo Scuderi, hommes de confiance respectivement de Raynald Desjardins et du défunt chef de clan Giuseppe De Vito. Notons toutefois que Mompoint était détenu lorsque ces crimes ont été commis, en janvier 2013.

L’enquêteur avait également dit que la police croyait que Mompoint cherchait à prendre la place de l’influent chef de gang Gregory Woolley à la suite de l’arrestation de ce dernier dans l’enquête Magot-Mastiff grâce à laquelle la Sûreté du Québec a décapité le crime organisé montréalais en novembre 2015. Woolley est actuellement en libération conditionnelle.

Raté de peu

En août 2019, Mompoint a été blessé par balle au bras lors d’une tentative de meurtre dans l’arrondissement de Saint-Léonard.

Durant l’enquête sur remise en liberté de son possible agresseur, un témoin policier avait dit que Mompoint faisait alors l’objet d’un lucratif contrat sur sa tête depuis huit ou neuf mois, et que ce dernier aurait été passé, selon des sources de la police, par Jean-Winsing Barthelus, proche de Woolley.

« Un jour ou l’autre, ça va brasser, c’est inévitable », avait confié, après la libération de Mompoint en avril, un enquêteur à La Presse, sous le couvert de l’anonymat, car il n’était pas autorisé à parler aux médias.

Le ou les suspects du meurtre de Mompoint couraient toujours au moment d’écrire ces lignes. L’enquête est menée par l’équipe des crimes contre la personne de la Sûreté du Québec.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.