Le leader du mouvement antimasque Mario Roy, ainsi que cinq autres figures de proue de l’opposition aux mesures sanitaires, sont accusés de complot et méfait de moins de 5000 $, pour leur participation présumée au blocage du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine en mars dernier.

Les co-accusés sont tous impliqués dans l’organisation appelée Les Farfadaas, dont les membres s’affichent fièrement avec leurs chandails portant le logo « Fuck Legault » dans différentes manifestations.

Il s’agit de Steeve Charland, ancien dirigeant du groupe identitaire La Meute et figure très active du mouvement antimasque, de sa conjointe Karol Tardif, du militant André Desfossés, ainsi que deux autres personnes un peu moins connues du mouvement, Michel Deshaies et Tommy Rioux. Ils doivent comparaître le 29 juin prochain. M. Roy, qui est quant à lui incarcéré à l’Établissement de détention de Montréal (Bordeaux) en attendant son procès pour harcèlement contre une avocate du Barreau, a comparu lundi, a indiqué la porte-parole du Directeur des poursuites criminelles et pénales, Audrey Roy Cloutier.

Le 13 mars, en marge d’une marche dans les rues de Montréal, les co-accusés auraient bloqué les trois voies du tunnel avec leurs véhicules, klaxonnant et criant « Fuck you Legault » pendant quelques minutes pour dénoncer les mesures sanitaires.

L’histoire a failli mal virer lorsqu’un automobiliste coincé à l’arrière du convoi est sorti de son véhicule avec un marteau, et s’est mis à frapper sur les véhicules qui entravaient la circulation. Plusieurs personnes, dont les accusés, ont filmé l’incident et l’ont diffusé sur les réseaux sociaux. On y aperçoit le leader Mario Roy menacer l’homme au marteau d’accusations d’agression armée.

Sous « filature » de la « gauche radicale »

Le surlendemain, Mario Roy se trouvait au palais de justice de Montréal pour subir un procès pour outrages au tribunal dans une cause l’opposant au Barreau du Québec, dont il a ultérieurement été reconnu coupable. Dans les couloirs du palais de justice, il avait soutenu que l’homme au marteau l’avait pris en « filature » et faisait partie d’un groupe de « gauche radicale » possiblement de connivence avec le Barreau pour l’empêcher de se préparer pour son procès.

Ces nouvelles accusations de complot et méfait tombent contre Mario Roy alors qu’il tente de négocier une sanction globale pour régler ses deux accusations de harcèlement criminel contre une avocate du Barreau, ainsi que la sanction pour quatre outrages au tribunal dont il a été reconnu coupable en mars dernier pour avoir fait illégalement - et à maintes reprises - des gestes réservés aux avocats alors qu’il n’en a ni le titre ni les compétences.

Après quelques jours d’incarcération suivant son arrestation pour harcèlement, M. Roy s’était dit prêt à « enterrer la hache de guerre » avec le Barreau et à « régler son dossier » pour éviter un procès. Il avait alors promis de cesser toute participation au mouvement antimasque et se tenir loin des tribunaux, jurant vouloir se concentrer sur son travail dans un verger.

Mais devant le juge André Vincent, mercredi matin, il s’est montré peu enclin à reconnaître sa responsabilité pour les menaces qu’il aurait proférées à l’égard de l’avocate du Barreau, laissant entendre que son propre avocat, MClément Monterosso, essayait de le forcer à plaider coupable.

Reconnaissance de la gravité des faits

Mario Roy a affirmé devant la Cour qu’un simple engagement à ne pas troubler l’ordre public « serait suffisant », selon lui, pour mettre fin à cette poursuite. « J’ai l’intention de pouvoir tourner la page. Je suis prêt à mettre de l’eau dans mon vin », a-t-il dit au juge André Vincent.

Mais la Couronne et le juge ne sont pas du même avis. Au minimum, la Couronne demande que M. Roy signe un résumé factuel des évènements qui ont mené aux accusations de harcèlement contre l’avocate du Barreau, et reconnaisse la gravité des gestes dont il est accusé.

« Il faut qu’il en reconnaisse pas mal, sinon, ça ne marchera pas », a commenté son avocat, MMonterosso, après avoir discuté brièvement des termes d’une éventuelle entente avec les avocats du Barreau et du DPCP.

Le Barreau s’attend pour sa part à ce que Mario Roy, qui a déjà été déclaré plaideur quérulent en Cour du Québec, respecte une injonction permanente lui interdisant notamment de donner des avis d’ordre juridique, de suggérer que des procédures judiciaire soient intentées contre des individus, et qu’il cesse de plaider devant des tribunaux.

« J’ai bon espoir de régler très prochainement, dans l’intérêt de tout le monde, et surtout dans l’intérêt de M. Roy », a affirmé MMonterosso.