(Saint-Jérôme) « J’ai vu un canon pointé vers moi et j’ai couru. J’ai sauté du balcon dans les fleurs pour protéger ma blonde. J’étais terrifié », raconte Samuel Indig. Victime d’un attentat bâclé, cet homme sans « ennemi » a frôlé la mort, il y a deux ans, devant sa nouvelle maison d’un quartier cossu de Saint-Eustache.

Une scène « digne d’une bonne télésérie policière », a résumé au jury le procureur MSteve Baribeau au procès de Hensley Jean, qui s’est ouvert mardi au palais de justice de Saint-Jérôme. Le Montréalais de 25 ans est accusé de tentative de meurtre avec une arme à feu à autorisation restreinte munie d’un silencieux.

Peu après minuit, le 3 juin 2019, Samuel Indig revient d’une soirée chez un ami, où il avait regardé le match des Raptors de Toronto. En sortant de son véhicule, il entend des pas derrière lui, suivis d’un « fort son d’air ». Il sent alors quelque chose sur son épaule, mais ne ressent aucune douleur. Il se retourne et aperçoit un homme noir au visage caché. L’assaillant brandit un pistolet dans sa direction.

« J’ai couru jusqu’à la porte, et j’ai crié pour avoir de l’aide », se remémore-t-il. Puis, guidé par son « instinct », il saute dans un parterre de fleurs pour éviter que le tireur s’en prenne à sa conjointe, attirée par ses cris.

Par chance, le tireur semble avoir de la « difficulté » avec son arme à feu, comme si elle ne « fonctionnait pas », ajoute le témoin. Puis, Samuel Indig ressent une douleur vive à l’aine. « J’étais terrifié », lâche-t-il. Le visage au sol, il entend un ou deux « clics », et finalement, le son d’une voiture qui démarre. À l’hôpital, il sera traité pour un poumon affaissé et un intestin perforé.

Mauvaise cible ?

Qui était la cible réelle du tireur ? Samuel Indig ou une « autre personne » ? Cela importe peu, puisque Hensley Jean a tenté de tuer le résidant de cette maison, a martelé le procureur MSteve Baribeau dans sa déclaration d’ouverture au jury.

Tout juste deux jours avant l’attentat, l’homme de 32 ans avait emménagé dans cette imposante maison de la rue des Amarantes avec sa conjointe et la mère de celle-ci. Il avait loué à « bon prix » la résidence à la mère d’un ancien copain de l’école secondaire, un certain Nahim Bonilla. Ce propriétaire de bar y résidait jusqu’alors.

Selon la Couronne, Hensley Jean est sorti d’un véhicule conduit par Jean Gérard Sterling III et s’est dirigé « rapidement » vers Samuel Indig pour lui tirer dans le dos. Les deux hommes ont été arrêtés quelques minutes plus tard. Une question cruciale s’impose, estime MBaribeau : « Pourquoi M. Sterling a stationné son véhicule près de la résidence ? Qu’est-ce qu’il faisait là ? »

Sur une vidéo de surveillance résidentielle présentée au jury, on peut voir une silhouette courir au loin – le tireur, selon M. Indig – puis un véhicule quitter les lieux. On entend également des cris diffus. « Je disais stop. S’il vous plaît, stop », a expliqué M. Indig, qui ne connaissait pas l’accusé et n’avait aucun ennemi.

MNoémi Tellier et MMarion Burelle représentent l’accusé, alors que MVanessa Dorval fait équipe avec MSteve Baribeau pour le ministère public. Présidé par la juge Hélène Di Salvo, le procès se poursuit mercredi.