Le procès devant jury de Marie-Josée Viau et de Guy Dion, accusés d’avoir comploté et participé aux meurtres des frères Vincenzo et Giuseppe Falduto commis en 2016, s’est ouvert lundi matin au Centre de services judiciaires Gouin, à Montréal.

Dans sa déclaration d’ouverture, la procureure de la Poursuite, MIsabelle Poulin, a dit aux sept hommes et sept femmes composant le jury, que la preuve qui leur sera présentée dans les prochaines semaines démontrera que les deux frères Falduto ont été invités à un rendez-vous sur le terrain de Dion et de Viau, à Saint-Jude, et qu’ils y ont été assassinés par un tueur à gages qui travaillait pour la mafia et qui viendra témoigner.

« Aucun corps n’a été trouvé car Guy Dion et Marie-Josée Viau ont brûlé les dépouilles à ciel ouvert sur leur terrain, se sont débarrassés des cendres dans la rivière, se sont débarrassés de l’arme du crime et du véhicule avec lequel les victimes sont arrivées et ont éliminé toute trace des meurtres ».

« On va vous expliquer comment M. Dion et Mme Viau, en permettant l’utilisation de leur garage, faisant le guet, effectuant des travaux bruyants pendant le crime et permettant que les meurtres se fassent sur leur propriété, ont pris part au crime », a notamment déclaré MIsabelle Poulin.

La procureure a expliqué au jury que deux semaines avant les meurtres, un premier rendez-vous avait été donné aux deux frères Falduto mais que le plan ne s’était pas concrétisé.

Elle a affirmé que c’est le tueur à gages, devenu agent civil d’infiltration, qui a permis de résoudre les meurtres, en se manifestant à la police, en portant un système d’enregistrement portatif et en confrontant les deux accusés.

« M. Dion dit que le jour du meurtre, il a fait ce qui lui a été demandé ; faire du bruit, surveiller les voisins et se débarrasser du véhicule. Mme Viau est allée elle-même cacher une arme dans le garage et elle raconte comment elle et son conjoint ont brûlé les corps à ciel ouvert, indiquant le nombre de cordes de bois et de bidons nécessaires. Elle se plaint de ne pas avoir eu l’argent prévu », a décrit MPoulin.

Les jurés entendront au moins cinq conversations interceptées par l’agent civil d’infiltration. « C’est la preuve la plus percutante. Elle nous vient des accusés eux-mêmes. Ce sont leurs paroles », a indiqué MPoulin.

Partis dans une Audi grise

Domenico Falduto, le frère de Vincenzo et Giuseppe Falduto, a été le premier témoin appelé à la barre.

Il a dit que c’est quelques jours avant le 30 juin 2016 qu’il a vu ses frères pour la dernière fois. Il les a rejoints au bar Jean-Talon. Les trois hommes ont discuté puis ses deux frères ont quitté l’établissement en montant à bord d’une Audi grise qui leur avait été donnée ou prêtée.

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Domenico Falduto, le frère de Vincenzo et Giuseppe Falduto.

Il a raconté que le matin du 30 juin, il a parlé au téléphone à son frère Vincenzo, et que celui-ci lui a dit qu’il se trouvait en compagnie de Giuseppe et que les deux se rendaient dans la région de Saint-Hyacinthe.

Vincenzo et Giuseppe devaient plus tard aller chercher leur sœur à l’aéroport et souper avec leurs parents, mais ils ne se sont jamais présentés sur les lieux.

Domenico a appelé ses frères à plusieurs reprises, en vain. Il s’est rendu dans des bars et autres lieux fréquentés par ces derniers, pour rencontrer des amis et leur poser des questions.

Dans la nuit du 30 juin au 1er juillet, Domenico Falduto a communiqué avec le 911. « Je savais que c’était plus grave qu’une disparition. Je voulais parler à des gens spécialisés dans les gros crimes, pas à un opérateur du 911 », a-t-il répondu à une question de MNellie Benoit de la Défense.

L’ancienne conjointe de Giuseppe Falduto, Felicia Massarelli a également témoigné et dit avoir vu son ami de cœur pour la dernière fois le matin du 30 juin.

Elle lui a envoyé un message texte à 13 h 40 et il lui a répondu. Elle lui en a envoyé trois autres à 15 h 03, 15 h 13 et 16 h 35, sans obtenir de réponse. Le couple avait prévu manger ensemble en soirée, a dit Mme Massarelli, en fondant en larmes.

Elle a ajouté que deux jours avant sa disparition, elle a vu Giuseppe Falduto à bord d’une nouvelle voiture, une Audi argent dans laquelle elle a fait un tour et écouté un cd de musique de danse appartenant à l’individu qui lui avait prêté le véhicule.

L’ex-conjointe de Vincenzo Falduto, Laura Charette-Mora, a pour sa part témoigné avoir échangé des messages textes avec son conjoint jusqu’en milieu d’après-midi le 30 juin et que, par la suite, elle l’a appelé plusieurs fois, aboutissant chaque fois directement sur sa boite vocale.

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L’ex-conjointe de Vincenzo Falduto, Laura Charette-Mora.

Elle a aussi dit que Vincenzo lui avait annoncé avoir fait l’acquisition d’une Audi deux semaines avant sa disparition, ce qu’elle ne comprenait pas car son conjoint, qui venait de sortir de prison, n’avait pas le droit de conduire.

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