La saisie d’une quantité impressionnante de cocaïne et d’une quantité record de crystal meth il y a un mois et demi à Montréal renforce encore la tendance voulant que les grandes organisations criminelles aient de plus en plus recours à des citoyens sans histoire, qui mènent une vie tranquille et rangée, pour les aider dans leurs opérations.

Le dernier nom à inscrire sur cette liste est celui de Peter Taylor, 49 ans, arrêté par les enquêteurs de la Division du crime organisé (DCO) du SPVM le 25 mars dernier.

Ceux-ci ont découvert dans son garage, dans un coffre à outils, pas moins de 44 kilogrammes de cocaïne et 49 kilogrammes de crystal meth d’une valeur totale de 3 millions de dollars.

Taylor n’a aucun antécédent criminel et aucune cause active. Durant l’enquête policière, il a été filé à 42 reprises par les enquêteurs qui l’ont vu quitter son domicile de l’arrondissement de Lachine tous les matins de la semaine à la même heure, conduire ses enfants à l’école, se rendre ensuite au travail, où il est depuis deux ans préposé aux pièces ou au service dans un concessionnaire de motocyclettes de l’ouest de Montréal, et retourner à la maison, une fois la journée finie.

Avant d’occuper cet emploi, Taylor a travaillé durant 15 ans au sein d’une grande compagnie de sécurité où il a même occupé un poste de superviseur. Il mène une vie rangée et a la même conjointe depuis près de 20 ans. Il possède un immeuble en copropriété avec une proche.

Sa femme et son meilleur ami depuis 27 ans ont témoigné lors de son enquête sur remise en liberté et l’ont décrit comme une bonne personne. Les détails entendus en cour sur cette vie parallèle ont constitué une véritable révélation et un choc pour ces deux personnes qui ont témoigné en sa faveur.

Aux policiers, après son arrestation, Taylor a raconté qu’il a été burné (vol de drogue ou d’argent de la drogue) il y a quelques années, pour une somme de 300 000 à 500 000 $, et qu’il n’a pas eu le choix de garder la cocaïne et le crystal meth, en raison de cette dette.

La drogue des Hells Angels ?

Le 25 mars, Taylor a été arrêté en compagnie de quatre autres individus dont Lauro Baba, membre des Rolling Aces, club subalterne des Hells Angels.

Baba habite le même immeuble que Taylor et chez lui, les policiers ont trouvé un peu de drogue, des vêtements supportant les Hells Angels et une ceinture des Rolling Aces.

Un témoin, le sergent détective Luc Champigny du SPVM, n’a pas nécessairement relié cette saisie aux Hells Angels mais a dit qu’assurément, c’est une ou d’importantes organisations criminelles qui ont importé toute cette drogue.

« Pour importer une telle quantité, ça prend une organisation très professionnelle. À Montréal, il n’y en a pas beaucoup qui peuvent se permettre de cacher une telle quantité. Je pense aux Hells Angel, surtout avec M. Baba qui est membre d’un club école. Je pense à la mafia italienne. Je pense à quelques organisations, deux ou trois, latino-américaines ou juives, qui peuvent avoir accès à de grandes quantités comme ça », a dit M. Champigny.

Ce dernier a par ailleurs indiqué que les policiers se demandaient pourquoi une organisation possédait une telle quantité de crystal meth et a insisté sur les « ravages » que provoque cette drogue chez les consommateurs.

Ses propos ont été repris par le juge Érick Vanchestein de la Cour du Québec dans sa décision.

« En matière de drogue, il n’y a pas de victimes directes mais de nombreuses victimes reliées à la consommation de ces substances. Plus précisément, en ce qui concerne la méthamphétamine, la preuve démontre que cette substance cause de nombreux dommages au cerveau et qu’elle créé un grand potentiel de dépendance. […. ] Ainsi la société est victime de ce type d’infractions et plus la substance est nocive, plus les dommages causés sont importants », écrit le juge, qui a refusé de libéré provisoirement Peter Taylor, pour ne pas miner la confiance du public en l’administration de la justice.

Taylor est accusé de possession de stupéfiants dans un but de trafic. Chez lui, les policiers ont trouvé quatre montres de luxe et des sacs Louis Vuitton d’une valeur d’environ 200 000 $.

La Poursuite est assurée par MPhilippe Vallières-Roland et la Défense par MJean-Daniel Debkoski.

Pour joindre Daniel Renaud, composez-le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.