Considérant son manque de motivation et que les risques de récidives violentes sont élevés, surtout s’il recommence à fréquenter des membres de gangs, les commissaires aux libérations conditionnelles du Canada ont refusé d’accorder sa libération conditionnelle à Edrick Antoine, condamné à neuf ans d’emprisonnement pour avoir comploté le meurtre de Gaetan Gosselin, commis le 31 janvier 2013, à Montréal.

Gaetan Gosselin était le meilleur ami et l’homme de confiance de Raynald Desjardins, et s’occupait de la famille de ce dernier, alors que le caïd était détenu, en attente d’être jugé pour le meurtre de l’aspirant parrain Salvatore Montagna.

Gosselin, 69 ans, a été tué alors qu’il sortait ses poubelles, après avoir fait des commissions. Il a été abattu par un individu qui a ensuite pris la fuite à bord d’une voiture conduite par Antoine.

Les tueurs ont épié leur victime durant au moins deux jours. Ils ne sont pas passés à l’acte la veille car un père et son fils marchaient sur le trottoir au moment où Gosselin revenait chez lui.

Gaetan Gosselin

L’assassinat de Gaetan Gosselin a toujours été interprété par la police comme l’accomplissement de la vengeance de l’ancien parrain de la mafia montréalaise, Vito Rizzuto, contre Desjardins, dont le groupe a été impliqué dans un putsch sanglant contre le clan des Siciliens en 2009 et 2010.

Mais dans la décision de la Commission des libérations conditionnelles, il est écrit que le dossier d’Antoine indiquerait que le meurtre aurait été commis dans un contexte de maintien du contrôle du trafic de stupéfiants dans un territoire.

« Vous dites que vous appris qu’un gang rival en voulait à l’un de vos amis et vous-même, et que vous n’aviez pas le choix d’agir si vous vouliez rester vivant. Vous considériez le meurtre comme étant la seule solution. Vous étiez à l’aise avec votre implication dans le meurtre d’un individu lié au crime organisé », écrivent les commissaires dans leur décision de sept pages.

Expulsé vers le Canada

On y apprend qu’Antoine, 42 ans, est né au Canada mais que vers l’âge de 5 ans, sa famille et lui se sont établis dans un autre pays. Il y est resté jusqu’à ce qu’il soit expulsé vers le Canada à l’âge de 19 ans. Sa carrière criminelle a débuté deux ans plus tard. Au fil des ans, il a été accusé de trafic de drogue, complot, possession d’arme, vol, extorsion, menaces et entrave à la justice. Il était en probation au moment du meurtre de Gosselin.

Les services de renseignement identifient Antoine comme étant lié aux gangs de rue d’allégeance rouge du secteur Montréal-Nord, ce qu’il admet tout en niant toutefois être un chef.

Derrière les barreaux, Antoine a fait l’objet de rapports disciplinaires ; il aurait notamment menacé un agent correctionnel en lui disant qu’il le retrouverait après la fin de sa peine, en 2023. Une autre fois, lui et des coaccusés ont retardé le décompte des détenus en prolongeant leurs exercices dans la salle de gym de la prison. Il a ensuite été déplacé de secteur.

Durant les six premiers mois suivant sa condamnation pour l’assassinat de Gaetan Gosselin, Antoine a été placé en protection au pénitencier car il aurait eu un contrat sur sa tête.

Il a continué de maintenir des liens avec des individus liés aux gangs de rue durant toute sa détention.

Antoine a poursuivi des études, suivi des programmes et travaillé au pénitencier.

Durant l’audience, il a dit que son incarcération a été la meilleure chose qui lui a fait réaliser son mode de vie. Il a aussi dit trouver difficile le fait de ne plus voir sa famille. Il a ajouté que son incarcération a eu des effets dissuasifs mais que pour accroitre ses chances de réhabilitation, il devait se tenir loin des individus « négatifs ».

« Votre historique criminel est de nature acquisitive, faire de l’argent rapidement et facilement, avec des individus hautement criminalisés. Cela démontre une attitude criminelle bien enracinée, hautement criminalisée, et une recherche du pouvoir pour imposer votre statut au sein des gangs de rue. Au moment de votre arrestation, vous étiez décrit comme le chef des gangs de rue rouges de Montréal-Nord », écrivent les commissaires, avant de rejeter sa demande de libération.

Raynald Desjardins, quant à lui, sera libéré aux deux tiers de sa peine, sous des conditions sévères, dans les prochains jours.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.