L’ex-hockeyeur Dannick Lessard réclame 3,2 millions aux autorités fédérales pour avoir accordé une libération à Ryan Wolfson. Il estime que ce détenu n’aurait jamais dû quitter le pénitencier en raison notamment de ses lourds antécédents judiciaires. Mais Wolfson était « illégalement en liberté depuis deux mois » lorsqu’il l’aurait criblé de balles.

Le procès civil de Dannick Lessard, qui a reçu neuf balles à la sortie d’un bar de danseuses où il travaillait en 2012, s’est ouvert lundi au palais de justice de Montréal. Il reproche à la Commission des libérations conditionnelles du Canada et au Service correctionnel du Canada d’avoir libéré trop hâtivement Ryan Wolfson du pénitencier où il était détenu, soit après avoir purgé les deux tiers d’une peine pour vols par effraction, ainsi que de ne pas l’avoir surveillé à sa sortie. Le criminel s’était sauvé de la maison de transition où il devait demeurer, a expliqué M. Lessard au juge Bernard Jolin, de la Cour supérieure.

Deux mois plus tard, Ryan Wolfson a participé à une série de meurtres et de tentatives de meurtre que Dannick Lessard appelle « la folie meurtrière ». Il a depuis été condamné à la prison à vie sans possibilité de libération avant 25 ans.

Pour ce qui est de l’agression qui le concerne, l’ex-hockeyeur a affirmé que c’est le criminel endurci Benjamin Hudon-Barbeau qui a ordonné à son homme de main Ryan Wolfson de le tuer. M. Hudon-Barbeau, maintenant en prison notamment pour meurtre, en voulait à Dannick Lessard de ne pas l’avoir aidé à sortir de prison en donnant un faux témoignage aux autorités dans une autre affaire, a expliqué la victime. « C’est un acte de vengeance. »

Au moment où il a été agressé, le 28 octobre 2012, Dannick Lessard cumulait trois emplois, dont joueur dans la Ligue nord-américaine de hockey et gérant au bar de danseuses Le Garage, à Mirabel. L’homme de 42 ans, qui ne peut maintenant plus travailler, a affirmé que l’agression a laissé énormément de séquelles. « J’ai mal partout, j’ai toujours mal. » Il a aussi confié que sa vie était « scrappe » depuis l’agression.

« Le même laxisme »

Il compare son histoire à celle de Marylène Lévesque, une travailleuse du sexe de 22 ans qui a été tuée par Eustachio Gallese à Québec. Ce meurtrier avait obtenu une semi-libération de la Commission des libérations conditionnelles pour notamment « répondre à [ses] besoins sexuels ».

Selon Dannick Lessard, elle et lui sont des victimes du système carcéral. « C’est le même pattern, les mêmes erreurs, le même dossier, le même laxisme. À un moment donné, tu ne peux pas mettre les gens qui ne sont pas aptes à sortir de prison en liberté. Parce qu’au final, c’est la société qui paye le prix. Moi, j’en ai payé le prix. »

Que ce soit Ryan Wolfson ou Eustachio Gallese, ils n’auraient pas dû être « dans les rues de la ville sans surveillance ». « Si, au final, on peut comprendre que le service correctionnel est imputable, ça pourrait peut-être sauver des vies. »

Le procès se poursuit ce mardi.