Un ex-professeur de l’UQAM qui a terrorisé des adolescentes pendant des mois en se masturbant près de leur pensionnat espérait être absous de ses crimes pour continuer d’enseigner. En imposant un casier judiciaire à Benoît St-Onge, le Tribunal a lancé mardi un puissant message à la société pour dénoncer les crimes sexuels envers les femmes.

« Il est temps que les femmes et les jeunes filles puissent marcher dans la rue sans craindre de devenir la victime d’un homme simplement en raison de leur sexe. Il est temps que les hommes comprennent que les femmes ne sont pas là pour se voir imposer leurs pulsions sexuelles. Il est temps que la société entière comprenne que tout geste sexuel, quel qu’il soit, est inacceptable s’il n’est pas consenti », a martelé la juge Karine Giguère au palais de justice de Montréal.

Alors qu’il enseignait à l’UQAM, Benoît St-Onge a créé une panique généralisée au Pensionnat du Saint-Nom-de-Marie, à Outremont. À l’automne 2018 et au printemps 2019, l’insaisissable « homme au vélo orange » s’est masturbé à répétition devant des adolescentes en route vers l’école. Il a démissionné de l’UQAM l’été dernier après avoir plaidé coupable à des accusations d’actions indécentes.

L’ex-professeur de géographie a été condamné mardi à un sursis de peine assortie d’une probation de deux ans, en plus d’être inscrit pendant 20 ans au Registre des délinquants sexuels. Benoît St-Onge échappe toutefois à la prison, alors que la Couronne réclamait 90 jours de détention.

Le spécialiste en foresterie demandait une absolution conditionnelle dans l’espoir de décrocher un emploi dans son domaine à l’international. Il envisageait même d’obtenir des charges de cours à l’université. Il plaidait d’ailleurs avec « humilité » qu’il y aurait une « perte pour la société » s’il ne pouvait plus transmettre son savoir.

Malgré un diagnostic clair de « trouble exhibitionniste », Benoît St-Onge persiste à nier « l’aspect sexuel » de ses crimes, s’étonne la juge. Il a même cessé son suivi sexologique après six rencontres. Il affiche pourtant un risque de récidive « modéré », selon un expert. L’ancien professeur prétend s’être masturbé devant les adolescentes seulement pour « l’adrénaline » lors d’une période de stress.

Dans les faits, ses crimes étaient « planifiés » et visaient de jeunes filles choisies « précisément pour leur vulnérabilité ». Il a « délibérément ciblé de jeunes écolières en tenue de collège pour s’exhiber de façon de plus en plus intrusive », souligne la juge. Benoît St-Onge a d’ailleurs avoué avoir fait de 20 à 30 victimes, dont des femmes adultes.

« Comment se fait-il qu’il soit encore aujourd’hui incapable d’expliquer les raisons du passage à l’acte ? Peut-être craint-il la réponse », s’interroge la juge. Celle-ci a pris en compte de nombreux facteurs atténuants dans l’imposition de la peine, dont ses excuses aux victimes et sa reconnaissance de culpabilité.

À la fin de l’audience, Benoît St-Onge a d’ailleurs renouvelé ses « profonds remords » envers les victimes. Il souhaite ainsi que sa lettre d’excuses soit transmise aux victimes pour leur apporter « un peu de paix ».