À 74 ans, le plus vieux Hells Angels au Québec, Michel Langlois, a beau promettre que sa carrière criminelle est terminée et afficher ses craintes à contracter la COVID-19 au pénitencier en raison de son âge avancé, les commissaires aux libérations conditionnelles ont refusé de l’envoyer en maison de transition.

En ce qui concerne la pandémie, précisons que Langlois a reçu sa première dose du vaccin contre la COVID-19 au début du mois de janvier. En audience, il a paru un peu plus rassuré, malgré le fait qu’il ne respecte pas « scrupuleusement les consignes sanitaires », soulèvent les commissaires, entre autres lorsqu’il marche dans la cour du pénitencier sans porter son masque en compagnie d’un codétenu, qui porte le sien.

Langlois purge depuis 2018 une quatrième peine fédérale de plus de quatre ans pour trafic de stupéfiants. En septembre dernier, sa libération conditionnelle a été refusée, mais il a porté sa cause devant la Section d’appel de la Commission des libérations conditionnelles du Canada et obtenu la permission de pouvoir s’adresser une nouvelle fois aux commissaires.

Des amateurs de motos

Selon la preuve accumulée par la police, le réseau de trafic de stupéfiants qui versait une « taxe » à Langlois a écoulé 177 onces de cocaïne et près de 300 000 comprimés de méthamphétamine en quelques mois, en 2017-2018.

En audience, Langlois a dit avoir perçu 15 000 $ de ces activités, ajoutant y avoir pris part de sa propre initiative, sans collaboration avec les Hells Angels, ni au profit de ceux-ci.

Ancien membre des Popeyes dans les années 60, Langlois serait l’un des fondateurs de la première section des Hells Angels au Québec, celle de Montréal, créée en 1977.

Sa première peine fédérale a été une condamnation pour complicité après le fait dans la foulée de la purge de Lennoxville, réalisée au milieu des années 80.

Langlois a ajouté que les Hells Angels sont « davantage un club d’amateurs de motos » et que sa mauvaise réputation serait due au comportement de quelques membres seulement.

Au pénitencier, Langlois est vu régulièrement en compagnie d’individus faisant partie de groupes menaçant la sécurité, mais le septuagénaire a expliqué qu’il ne voit rien de grave à partager un repas avec des criminels, même s’ils nuisent à la réputation du club et même s’il désapprouve leurs actions.

Fini le crime, assure-t-il

Michel Langlois a dit aux commissaires « que sa carrière criminelle est « bel et bien terminée » et qu’il allait dorénavant se contenter de ses revenus légaux à l’avenir, lui qui possède une érablière.

L’agent de libération de Langlois était favorable à ce que ce dernier obtienne sa semi-liberté, notamment en raison des risques de la COVID-19, et parce qu’il considère que les possibilités de récidive avant l’expiration de la peine du motard sont faibles.

« Alors que statistiquement, la criminalité tend à s’essouffler avec l’âge, ce n’est pas votre cas puisque vous vous êtes maintenu dans des activités criminelles à l’âge de 72 ans. »

« Votre réflexion sur votre agir criminel demeure superficielle. Vous êtes membre fondateur de la section de Montréal des Hells Angels qui est maintenant considérée comme hautement criminalisée. Malgré des rapports policiers accablants et votre plaidoyer de culpabilité dans les délits courants, vous minimisez grandement l’implication de ce groupe dans vos délits », écrivent les commissaires, en lui refusant sa semi-liberté.

Des coffres qui débordent d’argent

Les commissaires notent aussi qu’en audience, Langlois a présenté un discours particulièrement inquiétant en séparant la « grave criminalité » du groupe des Hells Angels, dont le résultat est « que les coffres ne ferment plus tant qu’ils contiennent de l’argent », des autres crimes, comme les siens, qui ont un objectif plus simple « de se remplir les poches ».

« Lorsque questionné à cet effet, vous avez été incapable d’indiquer où se trace la ligne entre une criminalité acceptable et une qui ne l’est pas. La réponse est portant bien simple : toute activité criminelle est inacceptable », écrivent les commissaires.

Langlois sera libéré d’office après avoir purgé les deux tiers de sa peine, en juillet prochain, vraisemblablement sous de fortes conditions.

Il fait partie du groupe des Hells Angels qui poursuivent Québec au civil pour avoir été injustement incarcérés, arguent-ils, à la suite de l’opération SharQc en 2009.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le (514) 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.