L’agression contre le policier Sanjay Vig pourrait-elle être liée à son travail ou à son zèle et avoir été planifiée et commise par un individu qui l’avait pris pour cible dans le but de se venger ?

La Presse a appris que c’est l’une des hypothèses examinées par les enquêteurs chargés de faire la lumière sur cette agression aussi sauvage qu’effarante, survenue le 28 janvier dernier, vers 16 h, près du 900, boulevard Crémazie Ouest, dans le quartier Parc-Extension, dans le nord de Montréal.

À la suite de l’agression, un étudiant au doctorat et chargé de laboratoire à l’École polytechnique de Montréal, Mamadi III Fara Camara, a été arrêté, accusé, puis libéré en pleine salle d’audience six jours plus tard.

M. Camara a été libéré après que la poursuite eut annoncé qu’elle détenait de nouveaux éléments de preuve, des images vidéo de caméras du ministère des Transports du Québec (MTQ) révélant la présence, sur la scène de crime, d’un troisième individu roulant lentement en voiture, s’arrêtant dans une ruelle, sortant de son véhicule et se dirigeant à pied vers l’agent.

La réponse dans les constats d’infraction ?

Selon nos informations, depuis déjà quelques jours, les enquêteurs épluchent tous les constats d’infraction remis par le policier Sanjay Vig au cours des dernières semaines.

Les limiers espèrent y trouver une réponse ou des informations pouvant les mener à l’auteur de l’attaque.

Le policier serait connu depuis des années dans le quartier Parc-Extension comme un patrouilleur très actif dans l’application du Code de la sécurité routière et respecté de ses collègues.

Certains nous l’ont décrit comme une « véritable machine à tickets » très à cheval sur les règlements, qui ne faisait pas toujours dans la dentelle, en soulignant qu’il avait déjà été blâmé en déontologie pour avoir exigé un cautionnement de 277 $ d’un automobiliste d’une autre province avant de lui remettre un constat d’infraction.

Le secteur du 900, boulevard Crémazie Ouest, où l’agent Vig a intercepté Mamadi III Fara Camara avant d’être attaqué, serait l’un de ses endroits de prédilection. Un individu qui aurait connu les habitudes du policier et qui aurait voulu le chercher aurait pu l’y trouver, nous a confié une source.

« Le profil du policier, la nature de son travail, des interactions pas toujours faciles avec des habitués du secteur... Un citoyen aurait pu en vouloir à cet agent », nous a dit un policier, qui a requis l’anonymat, car il n’est pas autorisé à parler aux médias.

Voiture volée

La voiture du suspect, qui apparaît sur les vidéos de caméras du MTQ, a été localisée dans le sud-ouest de la ville au cours des dernières heures, a confirmé vendredi le SPVM. Le véhicule avait été volé quelques jours avant l’agression contre l’agent Vig.

Les enquêteurs se demandent si la voiture n’a pas été volée en prévision de l’agression de jeudi dernier. Mais en attendant, face à cette impasse, les limiers pourraient être contraints d’emprunter un autre corridor du labyrinthe.

Jeudi, le directeur du Service de police de la Ville de Montréal, Sylvain Caron, s’est dit prêt à offrir des excuses à Mamadi III Fara Camara, mais pas avant que des résultats d’expertise, d’ADN entre autres, n’aient permis de l’exonérer complètement.

Toutefois, tous les enquêteurs et policiers qui connaissent le dossier, en tout ou en partie, et avec lesquels La Presse s’est entretenue s’entendent pour dire que le chargé de laboratoire de l’École polytechnique n’a pas commis le crime.

Eux aussi attendent beaucoup des résultats de certaines expertises pour faire avancer leur enquête. En attendant, ils ne ménagent aucun moyen et ne laissent rien au hasard pour retrouver le suspect et l’arme de service du policier Sanjay Vig.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.