Les policiers de Montréal ont été fort occupés samedi jusqu’en soirée pour mettre un terme à plus d’une dizaine de rassemblements illégaux, constatant la violation des mesures imposées par la Loi sur la santé publique pour faire face à la pandémie de COVID-19.

« Dans le courant de l’après-midi et en soirée, le SPVM est intervenu dans 11 lieux pour des infractions alléguées au décret », a précisé l’agente Caroline Chèvrefils, porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Samedi matin, les policiers confirmaient également leur intervention sur les lieux de trois autres rassemblements illégaux dans des synagogues et « lieux de culte » de la métropole depuis la veille.

Après cette première vague d’interventions, très médiatisée, le SPVM avait donc mis sur pied « un service d’ordre dans les arrondissements Outremont et Le Plateau-Mont-Royal ». Les policiers étaient donc très présents et bien visibles sur le terrain afin de sensibiliser les gens à leurs obligations, mais aussi dans l’espoir d’avoir un effet dissuasif.

Rappelons que les amendes distribuées peuvent aller de 1500 $ à 6000 $.

« Des infractions ont été constatées dans neuf lieux. L’organisme responsable de chacun de ces lieux fera l’objet d’un rapport d’infraction générale soumis au DPCP à titre de personne morale », a souligné la porte-parole du SPVM.

Au total, 223 contrevenants ont été identifiés à ces neuf endroits et ces derniers pourraient recevoir des amendes si le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) approuve les rapports d’infraction généraux les visant.

Des constats d’infractions ont aussi été distribués sur-le-champ, comme l’explique l’agente Chèvrefils.

« Quinze constats d’infractions ont été remis pour rassemblement intérieur illégal et un constat d’infraction a été remis pour le non-respect du couvre-feu. »

Réaction de consternation

Dans un communiqué émis en soirée, le Conseil des juifs hassidiques du Québec a dit regretter « que certains membres des communautés n’aient pas respecté les directives de la Santé publique limitant à 10 le nombre de personnes pouvant être présentes en même temps dans un même lieu de culte ».

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Il reproche toutefois au SPVM de mal interpréter le décret gouvernemental et le protocole instauré par la CNESST avec les responsables des lieux de culte.

Ces directives « permettent l’ouverture de plusieurs salles de prières dans un même édifice en autant que ce même édifice ait des entrées séparées sur la rue », selon le Conseil des juifs hassidiques du Québec.

« Cette méconnaissance des règlements mis en place par les autorités policières ajoute à la confusion », soutient-il.

Plusieurs salles séparées

Plusieurs juifs hassidiques qui observaient leur synagogue du coin de la rue ont, malgré quelques réticences, accepté de discuter avec un représentant de La Presse Canadienne, en début d’après-midi. Tous ont refusé d’être enregistrés lorsqu’ils répondaient aux questions, expliquant que ça leur est interdit en raison du shabbat, soit le jour de repos qui tombe le samedi, au septième jour de la semaine juive.

La synagogue a été divisée en « salles séparées » pouvant accueillir « un maximum de 10 personnes », a raconté en anglais un jeune juif hassidique, avant de se faire dire en hébreu par un homme plus âgé de ne pas répondre aux questions des journalistes. « Il y a plein de salles », a insisté un autre juif hassidique.

Un autre passant a lancé au groupe de juifs hassidiques qu’il les appuie et qu’« ils » [les policiers] se comportent en nazis.

L’homme le plus âgé du groupe a déclaré que « toutes les règles » de la santé publique sont suivies.

Rassemblements illégaux dès vendredi soir

C’est un appel au 911 qui avait alerté les policiers avant leur intervention sur les lieux d’un premier rassemblement illégal vendredi en fin d’après-midi. À l’arrivée des policiers du SPVM, les gens quittaient bruyamment les lieux, par dizaines.

Un total de 35 contrevenants feront l’objet d’un rapport d’infraction général dans le cas de ce rassemblement.

« Malheureusement, une majorité de ces contrevenants ont décidé de quitter les lieux en fonçant physiquement sur les agents de police, avait alors affirmé un autre porte-parole du SPVM, Julien Lévesque, aux médias.

Les policiers n’ont pas été blessés, avait-il toutefois précisé.

Le Conseil des juifs hassidiques du Québec a condamné « fermement l’utilisation de termes disgracieux par les membres des communautés envers les forces de l’ordre ».

Des personnes ont traité de « nazis » les policiers en sortant de la synagogue vendredi.