Un ex-professeur de géographie de l’UQAM qui se masturbait à vélo devant des adolescentes en route vers l’école doit être condamné à trois mois de détention, estime la Couronne, tandis que Benoît St-Onge souhaite éviter un casier judiciaire pour l’intérêt de la société, bien qu’il peine toujours à expliquer ses gestes.

Alors qu’il était toujours professeur à l’UQAM, Benoît St-Onge semait la terreur chez les élèves du Pensionnat du Saint-Nom-de-Marie à Outremont. Surnommé « l’homme au vélo orange », il s’est masturbé à de nombreuses reprises devant des adolescentes de 12 à 14 ans de l’automne 2018 au printemps 2019. Il a démissionné l’été dernier après avoir plaidé coupable à des accusations d’actions indécentes.

Les crimes de Benoît St-Onge ont laissé des marques chez ses victimes. « Cette période m’a assez marquée et m’a même traumatisée. Je ressentais un stress de le croiser lorsque je marchais », écrit une victime dans une lettre déposée à la cour.

« Je refuse de prendre le transport en commun seule depuis. Je suis craintive lorsque je marche seule et j’ai constamment l’impression que ça va encore m’arriver », témoigne une autre victime.

Aux yeux du procureur de la Couronne, MPierre-Oliver Bolduc, les crimes de Benoît St-Onge ne sont pas « impulsifs et irréfléchis », mais plutôt en partie prémédités. Le professeur a en effet choisi de viser une école secondaire fréquentée par des filles. « Il y avait une composante sexuelle, c’est évident », a plaidé MBolduc vendredi après-midi.

La poursuite a aussi insisté sur la répétition de ces gestes sur une longue période, de même que sur l’impact important des crimes sur la communauté scolaire. « Ce n’est pas une erreur, ce n’est pas une impulsion une fois. C’est plusieurs fois, même plusieurs fois par jour », a souligné MBolduc.

De plus, Benoît St-Onge visait des victimes plus jeunes, entre autres parce que celles-ci risquaient moins de le dénoncer aux policiers. Il a aussi avoué s’être déjà exhibé devant des femmes adultes. Certes, son risque de récidive demeure faible, mais il n’est pas « nul », estime le procureur.

Benoît St-Onge devrait bénéficier d’une absolution conditionnelle afin d’éviter, à terme, de conserver un casier judiciaire, a plaidé son avocate, MAnnie Laviolette Boisvert. Celle-ci a relevé une panoplie de facteurs atténuants, dont sa reconnaissance de culpabilité, sa profonde détresse à l’époque, son absence d’antécédent judiciaire et la forte médiatisation de la cause qui a mené à une « stigmatisation importante » de son client.

Pour la défense, les gestes de Benoît St-Onge sont « circonscrits » dans le temps et demeurent « isolés ». Ainsi, l’ex-enseignant n’est pas un « danger pour la société ». Il serait ainsi dans son intérêt, mais aussi dans l’intérêt de la société, qu’il profite d’une absolution, a plaidé MLaviolette Boisvert.

L’avocate a vanté le témoignage « sincère » de son client en ajoutant que ce dernier avait de « la difficulté à comprendre pourquoi il en est venu à faire ça ». Benoît St-Onge affirme avoir suivi une quarantaine de séances de thérapie depuis son arrestation.

Plus tôt ce mois-ci, Benoît St-Onge a témoigné, disant regretter « énormément » ses gestes « odieux, criminels et inexcusables ».

La juge Karine Giguère rendra sa décision le 16 février prochain.