Un homme qui a agressé sexuellement sa belle-fille atteinte de déficience intellectuelle à plusieurs reprises pourrait écoper d’une sévère peine de prison dans la foulée d’une décision importante de la Cour suprême durcissant les crimes sexuels contre les enfants. Son crime ignoble a marqué au fer rouge la victime et sa famille.

« C’est un sentiment de trahison totale et une énorme souffrance qui nous habite. Le beau-père de [la victime] se devait de la protéger comme le parent substitut qu’il s’était engagé à être. Il a plutôt trompé sa confiance et ma confiance en profitant d’une jeune fille qu’il savait vulnérable et facile à manipuler », a confié à la cour la mère de la victime dans une lettre lue par le procureur de la Couronne, Me Jérôme Laflamme.

L’homme de 55 ans a été reconnu coupable de contacts sexuels et d’incitation à des contacts sexuels en juin dernier au palais de justice de Montréal. Nous ne pouvons l’identifier pour protéger la victime. Maintenant âgée de 13 ans, elle est atteinte d’une légère déficience intellectuelle et d’un trouble du langage modérément grave.

Le pédophile a agressé sexuellement la fille de son ex-conjointe à au moins quatre reprises entre 2016 et 2018. Dans un langage simple, et malgré ses limites intellectuelles, la victime a décrit de nombreux sévices sexuels, dont une agression avec pénétration subie à l’âge de 10 ans. La sœur de la victime a également été témoin de plusieurs scènes choquantes impliquant son beau-père et sa sœur.

L’accusé vivait avec les enfants depuis leur jeune âge et les considérait comme ses filles. Pour sa défense, il a invoqué un « complot » orchestré par son ex-conjointe. Une version « illogique, déraisonnable [et] truffée d’incohérences », a tranché la juge Nathalie Duchesneau.

Conséquences dramatiques

Les crimes commis par le résidant de Terrebonne ont eu des conséquences dramatiques dans la vie de la victime. Envahie par la honte et la culpabilité, l’adolescente de 13 ans refuse de se confier à ses intervenants et entretient un dégoût de la sexualité.

« Elle fait des cauchemars, elle continue d’avoir peur pour sa vie et pour la mienne. [La victime] et sa sœur manifestent de l’hypervigilance. [Elles se demandent] si je me trouve en sécurité, elles ont peur d’aller au parc », soutient la mère de la victime dans une poignante lettre.

La mère est d’ailleurs « complètement anéantie » par la trahison de son ex-conjoint. Dépressive, elle s’est absentée de son travail de façon prolongée. « C’est une cicatrice que porte [la victime] et toute sa famille », conclut la mère.

Le « summum des facteurs aggravants »

Le ministère public réclame sept ans de pénitencier contre l’agresseur. Aux yeux du procureur de la Couronne, Me Jérôme Laflamme, l’agression d’une enfant qui souffre d’une déficience est le « summum des facteurs aggravants ». Le procureur a insisté dans sa plaidoirie sur l’importance de durcir les peines en matière de crimes sexuels visant les enfants.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Sur la photo, le procureur de la Couronne Me Jérôme Laflamme

Une décision importante de la Cour suprême rendue pendant la pandémie – l’arrêt Friesen – oblige les tribunaux à imposer des peines plus sévères pour les crimes sexuels contre les enfants en raison du « tort immense que cause la violence sexuelle aux enfants ».

« Cette violence est particulièrement répréhensible et particulièrement nocive au développement des enfants », a martelé MLaflamme, en invoquant le plus haut tribunal du pays.

L’avocat de la défense, MFernando Belton, demande une peine de trois ans de détention en raison d’une analyse divergente de l’arrêt Friesen. La juge rendra sa décision en janvier prochain.

Le pédophile doit avoir un procès en mars prochain dans une autre affaire d’agression sexuelle. Il est actuellement détenu.