Bony Jean-Pierre, cet homme de 46 ans atteint mortellement à la tête par une balle de plastique tirée par un policier du Groupe tactique d’intervention (GTI) du SPVM lors d’une perquisition de drogue qui a mal tourné en mars 2016, dans l’arrondissement de Montréal-Nord, était recherché par la police au moment des évènements.

C’est ce qu’a raconté mardi l’enquêteur responsable de l’enquête et de la perquisition, au jour 2 du procès du policier du GTI Christian Gilbert, accusé de l’homicide involontaire de M. Jean-Pierre.

« Douze personnes se trouvaient dans l’appartement au moment où les policiers sont arrivés. M. Jean-Pierre était une treizième personne et j’ai su qu’il a été blessé en tentant de fuir par une fenêtre. Plus tard, j’ai appris qu’il était recherché par un corps de police d’une autre province, mais je ne sais pas pourquoi », a déclaré le lieutenant-détective Érick Lavallée.

Plus tard, lors du contre-interrogatoire du témoin, l’avocat de Christian Gilbert, Me Louis Belleau, a dit, citant un rapport de la Sûreté du Québec, que le mandat d’arrestation contre M. Jean-Pierre était lié à une affaire de prostitution et qu’il avait plusieurs antécédents criminels.

Dany Villanueva, le frère de Fredy Villanueva, 18 ans, atteint mortellement par un projectile lors d’une altercation avec un policier en 2008, était également ciblé dans cette courte enquête –trois jours– contre un réseau de trafiquants de stupéfiants.

On a appris que les policiers ont reçu instruction de l’intercepter avant son arrivée éventuelle au 6330 Arthur-Chevrier.

« C’était une demande de la direction. M. Villanueva devait se faire arrêter avant d’arriver au 6330 Arthur-Chevrier mais je ne sais pas pourquoi », a indiqué le témoin.

Sur les douze individus qui se trouvaient dans l’appartement numéro 3 du 6330 Arthur-Chevrier au moment de la frappe, six ont été arrêtés et accusés, et six ont été relâchés sans accusation.

  • L’arme intermédiaire Arwen 37 utilisée par l’accusé Christian Gilbert, le 31 mars 2016

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    L’arme intermédiaire Arwen 37 utilisée par l’accusé Christian Gilbert, le 31 mars 2016

  • Un des projectiles de plastique AR-1 de l’arme Arwen 37 retrouvés près du 6330 Arthur-Chevrier, le soir du 31 mars 2016

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    Un des projectiles de plastique AR-1 de l’arme Arwen 37 retrouvés près du 6330 Arthur-Chevrier, le soir du 31 mars 2016

  • La cuisine de l’appartement no. 3 du 6330 Arthur-Chevrier perquisitionné par les policiers, le 31 mars 2016

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    La cuisine de l’appartement no. 3 du 6330 Arthur-Chevrier perquisitionné par les policiers, le 31 mars 2016

  • Une cartouche vide de projectile AR-1 trouvée le soir du 31 mars 2016, sur la rue Arthur-Chevrier

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    Une cartouche vide de projectile AR-1 trouvée le soir du 31 mars 2016, sur la rue Arthur-Chevrier

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Parmi ces derniers, il y avait Jeff Joubens Theus. Deux mois après cette perquisition, Theus assassinera par erreur un client innocent d’un café de la rue Fleury, Angelo D’Onofrio. En 2019, il a été condamné à la prison à vie sans admissibilité à une libération conditionnelle avant 25 ans. Me Belleau a souligné cet événement lors du contre-interrogatoire de l’enquêteur Lavallée. Le procureur de la Poursuite, Me Jean-Sébastien Bussières, s’est objecté mais le juge Yvan Poulin de la Cour du Québec a permis la divulgation de ces informations. « Le nœud de l’affaire, c’est la transmission des informations en amont », a dit le procureur Bussières, pour justifier son objection.

MBussières a longuement interrogé l’enquêteur Lavallée sur le fait que l’évaluation du risque de l’opération ne parlait pas de la présence d’une arme dans l’appartement visé, et qu’il a même été noté à un endroit que la présence d’une arme était « faible ». Plus tard, l’enquêteur a toutefois affirmé qu’il devait s’agir d’une erreur.

La frappe a eu lieu à 16 h 10 le 31 mars 2010. Quarante minutes avant, les enquêteurs ont eu une rencontre de préparation avec les membres du GTI du SPVM et un responsable a fixé un nombre minimum de policiers casqués qui devaient prendre part à la descente.

Contre-interrogé par Me Belleau, l’enquêteur Lavallée a notamment dit que Dany Villanueva et Grégory Daquin étaient les deux sujets principaux visés, que deux jours avant la frappe, il savait qu’il aurait besoin du GTI, que l’accusé, Christian Gilbert, a souvent participé à des opérations contre des membres de gangs de rue dans Montréal-Nord, et que le secteur des rues Pascal et Lapierre, près de la rue Arthur-Chevrier, est contrôlé par les gangs de rue d’allégeance rouge.

« C’est un quartier dans un quartier. C’est un secteur qui leur appartient à eux », a décrit Érick Lavallée.

Un autre témoin, le superviseur de l’opération du 31 mars 2016, le lieutenant-détective Pierre Morin, sera entendu à compter de mercredi.

Pour joindre Daniel Renaud, composez-le (514) 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.