(Québec) Pourquoi un homme de la région montréalaise a-t-il conduit plus de deux heures pour venir, vêtu d’un costume médiéval et armé d’un sabre japonais, semer la mort dans le cœur historique de Québec ?

Plus de 24 h après l’attaque à l’arme blanche qui a fait deux morts et cinq blessés samedi soir, le maire Régis Labeaume a osé une réponse. La capitale aurait pu être visée pour sa beauté, croit-il.

« C’est malicieusement fascinant ce qui s’est passé. Un individu avec un sabre qui s’attaquait aux gens vêtu de façon médiévale dans une ville historique à la limite du médiéval. C’est sûr que malheureusement il y a une fascination pour ça », a dit M. Labeaume en conférence de presse lundi.

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Régis Labeaume

Dimanche soir, le maire s’est rendu sur les lieux des crimes. Ce « pèlerinage sinistre » s’est passé dans un quartier historique triste, vide. « Le Vieux-Québec était vide. Je n’ai pas vu 10 personnes au total », lâche le maire.

Régis Labeaume s’est demandé si sa ville n’avait pas été choisie à cause de ses vieilles pierres, de son décor unique en Amérique du Nord. « Je m’en doutais tellement. Québec aurait pu être choisie, l’élue d’un drame, à cause de sa beauté. Sinistre », a écrit le maire sur Facebook, où il a fait le récit de sa randonnée dans le Vieux.

La capitale a été particulièrement touchée par des actes de violence dans les dernières années. L’attentat à la grande mosquée de Québec qui a fait 6 morts le 29 janvier 2017 a marqué les esprits. Plus récemment, deux garçons de 2 et 5 ans ont été tués à Wendake, à côté de Québec. « N’en jetez plus, la cour est pleine », a imploré le maire.

Lundi, Régis Labeaume a lancé un appel à la bienveillance. « Je demande à tous de se demander ce qu’ils peuvent faire de plus pour s’entraider. » M. Labeaume invite les citoyens à lui écrire leurs suggestions ou leurs états d’âme. « Soyez assurés que je vous lirai tous. »

L’onde de choc a été ressentie à l’hôtel de ville, où des collègues du maire connaissaient personnellement les deux victimes. Suzanne Clermont, 61 ans et François Duchesne, 56 ans, ont été tués par un suspect de 24 ans armé d’un sabre japonais.

Une veillée à la bougie doit avoir lieu lundi à 19 h, sur des Remparts, où le corps de Mme Clermont a été retrouvé. Le Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) organisera quant à lui un rassemblement mardi à 18 h devant le pavillon Pierre Lassonde. François Duchesne était un cadre du MNBAQ.

« Il n’y a pas de mots pour exprimer notre tristesse face à la perte d’un collègue et ami de la qualité de François Duchesne », a réagi lundi matin le directeur du Musée, Jean-Luc Murray. « Il y a mille et une manières de mourir et François ne méritait pas cette fin terrible et si violente. »