Une employée d’un CPE montréalais qui a pigé 200 000 $ dans les coffres du centre pendant trois ans évite la prison. Mélanie Lessard a écopé mercredi d’une « faible » peine de deux ans de détention à domicile en raison de sa bonne réhabilitation et de ses efforts pour rembourser le CPE.

« Avec les années, on devient une personne différente. On apprend de nos erreurs. La personne d’il y a plus de dix ans et la personne d’aujourd’hui, elle est complètement différente », a déclaré à la juge Mélanie Lessard, d’une voix fragile.

La femme de 35 ans était assistante administrative au CPE Carcajou, dans l’est de Montréal, en 2008. Elle était chargée de comptabiliser les paies des employés, de faire les achats de fournisseurs réguliers et de faire la conciliation bancaire.

Mais en trois ans, Mélanie Lessard a dérobé 199 000 $ à son employeur grâce à un système de fausse facturation qui lui permettait de transférer les fonds du CPE directement dans son compte bancaire personnel.

Un conjoint aux prises avec des problèmes de jeu

À cette époque, Mélanie Lessard vivait avec un homme « narcissique » aux prises avec des problèmes de jeu, a expliqué son avocate, MRose-Marie Picard. L’accusée devait ainsi rembourser « certaines dettes » de son conjoint. Elle souffrait également de « détresse psychologique » et de problèmes de santé. Elle a maintenant la garde de ses jeunes enfants et continue de travailler à temps plein, a insisté MPicard.

Après la découverte de la fraude, Mélanie Lessard a remboursé 24 000 $ au CPE dans le cadre d’un recours civil. Elle croyait alors que le remboursement lui permettrait d’éviter des accusations criminelles. L’accusée a depuis vendu sa maison pour verser 45 000 $ à la garderie. Dans le cadre de sa peine, elle s’engage à rembourser 72 000 $ pendant 10 ans, pour un total de 145 000 $ en remboursement.

Les efforts importants de l’accusée pour rembourser sa dette démontrent sa « mobilisation évidente » et sa « réhabilitation », selon la juge Mélanie Hébert, qui a entériné la suggestion commune des avocats. « Les procureurs ont raison de mettre l’[accent] sur la réhabilitation », a affirmé la juge.

Mélanie Lessard s’en tire néanmoins à bon compte, puisqu’une peine de prison ferme est généralement imposée pour une fraude d’une telle somme commise par une personne en position de confiance. Un contrôleur financier a récemment été condamné à un an de prison pour une fraude de 75 000 $ perpétrée dans des circonstances similaires. Une sentence d’ailleurs jugée dans le « bas de la fourchette » des peines par le magistrat.

La résidante de Saint-Lin–Laurentides écope de deux ans de détention avec sursis. En d’autres termes, la fraudeuse doit rester chez elle en tout temps, sauf pour travailler, pour des motifs médicaux et autres exceptions. Un couvre-feu s’applique pendant la deuxième année. S’ajoutent 240 heures de travaux communautaires et trois ans de probation.