Simon Brind’Amour s’est posé en victime de sa conjointe jeudi à son procès pour meurtre au second degré. S’il n’a aucun souvenir d’avoir battu à mort Josiane Arguin à coups de baguette de billard, il se rappelle en détail avoir été frappé par la victime et avoir tenté de lui sauver la vie après son black-out.

« Je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas comment, ce que je sais, c’est que je ne voulais pas la tuer », a affirmé le Montréalais de 38 ans.

Selon la théorie de la défense, Simon Brind’Amour a eu un « réel court-circuit » dans son cerveau au moment de tuer Josiane Arguin. « Son cerveau a craqué », a résumé son avocat MMaxime Raymond dans son exposé d’ouverture. Simon Brind’Amour n’a donc jamais eu « l’intention » de tuer sa conjointe et devrait être reconnu coupable d’homicide involontaire, et non de meurtre.

À son troisième jour à la barre des témoins, Simon Brind’Amour est finalement entré dans le vif du sujet. Il a raconté au jury avoir reçu plusieurs coups de poing de la part de Josiane Arguin, le matin du 1er septembre 2018, alors qu’il n’avait pourtant rien fait. Agitée, la femme de 34 ans aurait alors « glissé » dans la cuisine pour se cogner la tête sur la cuisinière.

« Elle est à terre. Elle crie : "tu m’as frappé, tu m’as frappé". J’ai pris une chaise pour la tenir à distance en lui disant que je ne l’ai pas touchée », a expliqué l’accusé. Josiane quitte alors la maison, mais Simon Brind’Amour la rattrape et tente de la rassurer pour soigner sa plaie sur la tempe.

Mais en la soignant, Josiane frappe son bras, le repousse et prend la fuite en criant : « Je suis une femme battue ! » en direction de la cour arrière de leur maison du quartier Ahuntsic à Montréal. « Je m’en allais l’aider et […] je me fais tasser, pousser, pis heurter », dit-il. Simon Brind’Amour « fige ».

PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE

Josiane Arguin

« Je ne voulais sûrement pas ce qui est arrivé »

Ses souvenirs pourtant très vifs de cette matinée demeurent flous lorsqu’il est question de ces minutes critiques. Simon Brind’Amour ne retient que des « bribes et trois flashs ». Il se rappelle seulement s’être rendu dans leur chambre pour chercher sa baguette de « pool » en disant à Josiane : « Si tu veux être une femme battue, tu vas savoir c’est quoi être une femme battue ».

Deux ans plus tard, il ignore ce qui l’a poussé à prendre sa baguette. « Je ne peux pas dire… je ne peux pas présumer… Possiblement que je voulais la frapper avec, mais… je ne voulais pas… je ne voulais sûrement pas ce qui est arrivé… Sûrement pour lui asséner une couple de coups, sans plus, j’ai pas plus de précisions », a-t-il murmuré au jury.

Quand il revient à ses esprits, Josiane est accroupie devant lui près de la haie de cèdres dans la cour arrière. Sa conjointe est alors toujours en vie, mais du sang sort de sa bouche. « Elle a affreusement mal », dit-il. Simon Brind’Amour décrit alors les gémissements et les sons de détresse de sa victime.

Il décide de la prendre dans ses bras pour la transporter à l’intérieur. Sauf qu’il trébuche sur le seuil de porte et tombe au sol. « Josiane, elle, a heurté le sol comme un arbre tombe dans une forêt », raconte-t-il.

Simon Brind’Amour constate que Josiane est en « détresse respiratoire » et qu’elle a du « sang dans ses voies respiratoires ». En état de panique, il lui fait le bouche-à-bouche. Josiane arrête de respirer et émet un « son de détresse respiratoire et d’affaissement de la cage thoracique », précise Simon Brind’Amour, un travailleur de la construction.

« Figé », il panique et va chercher une toile de plastique au sous-sol pour couvrir le corps dans leur chambre. Il appelle ensuite son ami Danny Charbonneau pour lui demander de l’aide, mais il ne garde aucun souvenir de la discussion. Simon Brind’Amour se rend ensuite en patins à roues alignées sur le chantier de construction de son ami et lui demande un « chauffeur silencieux ».

De retour chez lui, complètement « perdu », l’accusé ne mange pas pendant trois jours et fait seulement du lavage. Il tâte régulièrement le pouls de Josiane dans l’espoir qu’elle ne soit pas morte, mais seulement dans un coma, explique-t-il.

Son témoignage se poursuivra vendredi devant la juge Hélène di Salvo. Il sera ensuite contre-interrogé par les procureurs de la Couronne MKaterine Brabant et MLouis Bouthillier.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Les procureurs de la Couronne, MKaterine Brabant et MLouis Bouthillier.

Selon le ministère public, Simon Brind’Amour avait l’intention de tuer sa conjointe Josiane Arguin. Il a ensuite disposé du corps aux ordures tout en mentant aux policiers pendant deux mois. L’accusé a d’ailleurs avoué son crime aux policiers lors de son arrestation, le 1er novembre 2018.