Une propriétaire de garderie qui a maltraité quatre bambins sous sa garde pendant des mois à Montréal s’est fait prendre en flagrant délit grâce à des caméras cachées installées par son ex-mari jaloux. Toujours au téléphone, Soumiya Barghout « perdait patience » et n’hésitait pas à pousser les enfants au sol ou à leur donner des claques.

« C’est plus que de la maltraitance, parce que si un enfant pleure, elle donne une claque en pleine face [et dit] : “Arrête de pleurer”. Un autre [enfant] vient la déranger, elle le pousse. Pour un total de 23 voies de fait », a résumé à la cour la procureure de la Couronne, le 1er septembre dernier, au palais de justice de Montréal.

La femme de 45 ans, qui réside à Sainte-Thérèse, a plaidé coupable à quatre chefs d’accusation de voies de fait déposées par procédure sommaire – donc moins graves que par acte criminel. Elle reconnaît ainsi s’en être prise à de jeunes bambins âgés d’un an et demi, deux ans et trois ans entre juillet et octobre 2018.

Soumiya Barghout était propriétaire depuis 2016 d’une garderie « approuvée par le Ministère » installée au sous-sol de sa résidence à Montréal. Le nom de l’établissement n’a pas été précisé en cour. Toutefois, une annonce sur le web l’associe à la garderie en milieu familial « Les petits poussins » sur la 16e Avenue, dans le quartier Saint-Michel. « Une maman éducatrice reçoit vos enfants avec amour et attention spéciale », indique-t-on.

Dans un contexte de séparation, l’ex-mari de l’accusée a installé en juin 2018 des caméras cachées dans la garderie pour vérifier les fréquentations de Mme Barghout. Or, les vidéos ont plutôt révélé la maltraitance que l’éducatrice faisait subir aux enfants. La caméra a capté une vingtaine de gestes de nature criminelle en seulement trois mois. Un bambin d’à peine 18 mois a notamment été victime de six voies de fait. Aucun enfant n’a heureusement été blessé.

« Quand les enfants la dérangent, elle va les pousser. Elle va dire à un enfant : “Ramasse ça.” S’il ne ramasse pas, elle le repousse. Ce ne sont pas des voies de fait avec lésions, mais c’est à répétition. […] Elle perd tout le temps patience, elle les pousse et donne des claques sur les fesses [aux enfants] », a expliqué la procureure.

Soumiya Barghout était victime de « violence physique et psychologique » à cette époque, a plaidé son avocat. « Madame vivait une situation maritale très difficile. Elle portait le voile sans son consentement. Malheureusement, ça s’est répercuté sur les enfants. Aujourd’hui, c’est une dame transformée. Elle n’a plus de garderie », a fait valoir MJean-François Boudreau.

Les observations sur la peine à imposer auront lieu en décembre prochain devant la juge Suzanne Costom. Un rapport présentenciel a été demandé.