Le véhicule de deux officiers supérieurs de la Sûreté du Québec (SQ) visés dans l’enquête sur les fuites médiatiques à l’Unité permanente anticorruption (UPAC) a été vandalisé dans la nuit de samedi à dimanche, a appris La Presse.

La voiture de l’inspecteur André Boulanger et de sa conjointe, la lieutenante Caroline Grenier-Lafontaine, se trouvait dans l’entrée privée de la résidence du couple, dans un quartier tranquille d’un secteur de l’agglomération de Longueuil, lorsqu’un ou des suspects ont commis les méfaits.

La carrosserie de la voiture a été sérieusement égratignée et les quatre pneus ont été crevés.

Le couple a communiqué avec le Service de police de l’agglomération de Longueuil, qui a ouvert une enquête. Selon les premières constations, le véhicule des deux officiers serait le seul qui a été vandalisé dans le secteur. M. Boulanger et Mme Grenier-Lafontaine croient qu’ils ont été ciblés.

« Atteinte directe au système judiciaire »

Il y a 10 jours, l’ancienne vice-première ministre du Québec Nathalie Normandeau et ses coaccusés, qui faisaient face à des chefs de fraude, ont bénéficié d’un arrêt du processus judiciaire en raison des délais causés notamment par la divulgation au compte-gouttes de la preuve amassée dans l’enquête du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) sur les fuites à l’UPAC.

Récemment, André Boulanger et Caroline Grenier-Lafontaine ont déposé une requête visant à faire casser des mandats de perquisition obtenus contre eux par les enquêteurs du BEI.

« De toute évidence, ce crime survenu à la résidence privée de deux officiers de la Sûreté du Québec ayant œuvré à l’UPAC est un message clair à notre endroit. Une ou des personnes veulent sans aucun doute nous faire taire. Nous percevons cet acte grave et lâche comme de l’intimidation et des menaces, mais aussi comme une atteinte directe au système judiciaire et également au cœur de l’UPAC. Ceci est inacceptable dans notre société », affirment André Boulanger et Caroline Grenier-Lafontaine dans une déclaration écrite envoyée à leur avocat, MGuy Bertrand, du Cabinet Bertrand de Québec.

Le couple a également communiqué avec les gestionnaires du Plan de lutte contre l’intimidation de la Sûreté du Québec, et des mesures de protection sont actuellement évaluées.

« Je trouve extrêmement grave qu’on vise le cœur de l’UPAC. Ce sont des officiers de justice. Surtout que l’enquête sur les fuites médiatiques n’est pas terminée. On ne peut pas tolérer de tels actes dans une société. Je suis content que la police de Longueuil et la Sûreté du Québec prennent cette affaire très au sérieux », a déclaré à La Presse MGuy Bertrand.

André Boulanger et Caroline Grenier-Lafontaine, des policiers de la SQ qui ont été prêtés à l’UPAC, ont dirigé l’enquête sur les fuites de documents sensibles du projet Mâchurer, qui a mené à l’arrestation du député Guy Ouellette en octobre 2017.

Ils sont maintenant eux-mêmes visés dans l’enquête Serment du BEI sur les fuites médiatiques survenues à l’UPAC depuis 2012 et sur la façon dont l’UPAC a mené l’enquête au cours de laquelle le député de Chomedey a été arrêté, mais jamais accusé.

Les deux officiers ont été relevés de leurs fonctions après avoir fait l’objet d’allégations criminelles dans le cadre de l’enquête Serment, mais sont actuellement en congé de maladie.

Il est inconcevable et inacceptable que des officiers de police fassent l’objet d’intimidation, de menaces et de méfaits surtout à leur domicile. Comment ne pas craindre pour notre sécurité et celle de nos enfants lorsqu’un ou des individus sont prêts à commettre de tels crimes directement à notre domicile ? Plus jamais nous nous sentirons en entière sécurité dans un endroit qui devait pourtant être le plus sécuritaire pour nous, notre résidence privée.

L’inspecteur André Boulanger et sa conjointe, la lieutenante Caroline Grenier-Lafontaine

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.