La mère de famille de Saint-Hubert accusée d’avoir envoyé des lettres empoisonnées à Donald Trump et à des policiers américains a menacé d’envoyer encore plus de poison et « d’utiliser son fusil » si le président ne retirait pas sa candidature à l’élection du 3 novembre prochain, selon le FBI.

Pascale Ferrier a comparu mardi devant un tribunal de Buffalo pour être accusée de menaces de mort contre le président des États-Unis. Le juge a automatiquement enregistré pour elle un plaidoyer de non-culpabilité d’ici à son retour en cour le 28 septembre. La citoyenne franco-canadienne de 53 ans n’a presque rien dit pendant l’audience et a accepté qu’on lui désigne un avocat aux frais de l’État puisqu’elle n’a apparemment pas les moyens de s’en payer un. Elle disposait des services d’une interprète qui traduisait les procédures vers le français.

L’acte d’accusation déposé contre elle résume les propos que la quinquagénaire aurait tenus dans les sept lettres qu’elle aurait envoyées aux États-Unis, selon le FBI. L’une des missives était adressée personnellement à Donald Trump.

« J’ai trouvé un nouveau nom pour toi : le clown tyran hideux. J’espère que tu l’aimes. Tu ruines les USA et les conduits au désastre. J’ai des cousins américains, donc je ne veux pas les prochains quatre ans avec toi comme président. Abandonne et retire ta candidature pour cette élection », précisait la lettre envoyée à la Maison-Blanche, dans laquelle se trouvait une poudre blanche identifiée en laboratoire comme étant de la ricine, un puissant poison.

« J’ai fait un "cadeau spécial" pour t’aider à prendre une décision. Le cadeau est dans cette lettre. S’il ne fonctionne pas, je trouverai une meilleure recette pour un autre poison, ou je pourrais utiliser mon fusil quand je pourrai venir », aurait ensuite poursuivi la femme.

Le FBI ajoute que d’autres lettres ont été envoyées à des services policiers du Texas, où Pascale Ferrier avait été emprisonnée en 2019 après son arrestation pour usage d’un permis de conduire trafiqué et possession illégale d’une arme. Toutes les lettres ont été reçues entre le 15 et le 18 septembre.

Facile à retracer

Les enquêteurs ont constaté que la personne qui avait envoyé les lettres au Texas reprenait certaines des mêmes tournures de phrases et utilisait le même type de poudre de ricine que celle qui avait envoyé la lettre à la Maison-Blanche. Il s'agissait à l'évidence de la même personne. Les lettres avaient été tamponnées par Postes Canada, et il était facile de voir qu'elles provenaient de la région de Montréal.

Le FBI a donc cherché si une personne originaire de la région de Montréal avait été arrêtée par les services de police texans qui avaient reçu des lettres. Ils sont tout de suite tombés sur Pascale Ferrier. En comparant les empreintes digitales laissées sur les enveloppes et celles de Ferrier, prises en 2019 au Texas, ils ont compris qu'elle était l'auteure des lettres. Facebook et Twitter ont ensuite confirmé à la police qu'elle utilisait des comptes avec lesquelles elle avait proféré des menaces contre Donald Trump sur les réseaux sociaux.

Pascale Ferrier a finalement été arrêtée dimanche à un poste frontalier qui relie la ville de Buffalo avec l’Ontario. Elle avait une arme à feu chargée à la ceinture et un couteau, toujours selon le résumé du FBI déposé en cour. Elle aurait avoué elle-même aux agents frontaliers qui l’ont placée en détention qu’elle était recherchée par le FBI pour l’envoi de lettres contaminées à la ricine.

Des félicitations pour les agents des frontières

Le directeur par intérim de l’agence de protection des frontières américaines, Mark Morgan, a félicité dans un communiqué les agents qui ont procédé à l’arrestation de Mme Ferrier.

« Les agents ont immédiatement désarmé Ferrier, ont sécurisé les armes, l’ont arrêtée, et se sont coordonnés avec le FBI pour la suite de l’enquête. La réaction rapide des agents devrait être célébrée, et illustre ce que nous faisons chaque jour sur la ligne de front des frontières de notre pays », a-t-il déclaré.

Selon M. Morgan, la suspecte s’est présentée devant le poste frontière avec son véhicule mais est ensuite restée immobile, sans s’avancer pour l’inspection de routine par un douanier.