Condamné à la peine maximale pour le « pire des crimes » dans les années 2000, le tristement célèbre pédophile « M. X » a un nouveau procès mardi pour possession de pornographie juvénile. Alors qu’il était en maison de transition, l’ex-dirigeant d’un réseau international de pédophiles a été pincé avec des photos de sa fille et de sa nièce cachées dans un GPS, selon le témoin-clé de la Couronne.

« Il m’a dit qu’il avait 1200 photos, presque toutes de filles très, très jeunes, mais pas beaucoup de garçons. Il y avait sa fille et sa nièce. Il y en avait tellement que le GPS lagguait. Il m’a dit qu’il baisait sa fille, elle était habillée d’une robe de mariée, sa nièce était assise sur ses genoux », a raconté mardi le premier témoin du procès, un pédophile récidiviste, dont l’identité est protégée par une ordonnance de non-publication.

Théâtre de l’horreur, le procès de M. X avait révolté le Québec dans les années 2000. L’homme de 47 ans s’était livré pendant des mois à des sévices sexuels envers sa fille de 4 ans et une petite voisine. Le prédateur filmait ses agressions dans la « chambre d’amour » et transmettait sur l’internet des milliers de photos et de vidéos à d’autres pédophiles. Père de quatre enfants, il se vantait d’avoir agressé des dizaines de jeunes. Il a été condamné à 15 ans de détention et a été déclaré délinquant à contrôler jusqu’en 2030.

Mardi matin, devant la juge Josée Bélanger, le témoin de la poursuite a raconté sa première rencontre avec M. X dans une maison de transition fédérale de Montréal en août 2019. « Il m’a dit qu’il avait des photos qu’il pouvait me montrer. Il m’a dit qu’il avait un GPS et une place où il pouvait accéder à l’internet », a témoigné l’homme, qui a également été accusé de possession de pornographie juvénile dans cette affaire.

Le lendemain matin, M. X a montré les photos à son cochambreur, dont celles de sa fille et de sa nièce. « J’ai demandé si c’était possible de me le prêter. Ça a duré l’avant-midi. Je suis tombé dans le panneau », explique le témoin. Quelques heures plus tard, le témoin s’est en effet fait prendre sur le fait par un agent de surveillance. Il a alors admis à la directrice de l’établissement que M. X lui avait prêté l’appareil électronique.

De retour en détention, le témoin s’est retrouvé dans la même cellule que M. X au pénitencier Archambault de Sainte-Anne-des-Plaines. Selon le témoin, l’accusé l’a ensuite incité à « prendre le beef [assumer la responsabilité] » pour le délit. « Je vais t’envoyer de l’argent pour la cantine », lui disait-il alors. « Il ne voulait pas perdre son travail, son scooter et son ‘‘ storage ’’ », explique le témoin.

M. X détenait en effet une mobylette électrique pour ses déplacements lors de son séjour en maison de transition. « Il avait eu l’autorisation d’avoir un GPS », a témoigné Anouk Marchand, qui était alors directrice de l’établissement fédéral. L’accusé détenait d’ailleurs deux GPS identiques, dont l’un ne pouvait pas contenir de photos.

Une dynamique sexuelle « préoccupante »

M. X a été libéré d’office en décembre 2015 après avoir purgé les deux tiers de sa peine. Dans une récente décision, la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) évoque ses déplacements « nébuleux » dans des commerces de prêt sur gage (pawn shops) et un épisode où il s’est rendu au Jardin botanique sans autorisation en présence de plusieurs groupes d’enfants.

« Malgré votre participation à bon nombre d’interventions, votre dynamique sexuelle demeure préoccupante. […] La Commission note que vous vous responsabilisez très peu face à votre problématique de délinquance sexuelle. À ce jour, la Commission ne peut pas constater de changements mesurables et observables dans vos comportements », conclut la Commission dans cette décision.

Le procès doit durer trois jours jusqu’à jeudi. L’accusé est défendu par MCynthia Chénier. MAmélie Rivard représente le ministère public.