(Vancouver) Les avocats du procureur général du Canada entendent présenter une série de témoins qui prouveront selon eux que Meng Wanzhou a menti à la Banque HSBC au sujet des relations de son entreprise avec Skycom en Iran.

Les documents publiés vendredi présentent les arguments que le gouvernement canadien compte faire valoir au cours d’une audience en avril 2021 sur l’extradition de la directrice financière du géant chinois des télécommunications Huawei vers les États-Unis. Les avocats du procureur général affirment qu’il y a suffisamment de preuves de fraude pour justifier l’extradition de Mme Meng.

Les documents indiquent que des témoins, notamment d’anciens employés de Huawei, des enquêteurs de la police fédérale américaine (FBI) et des responsables de la Banque HSBC, diront que Mme Meng a faussement déclaré que Huawei ne contrôlait pas Skycom, un fournisseur d’équipement de télécommunications.

Meng Wanzhou a été arrêtée à l’aéroport de Vancouver en décembre 2018 à la demande des États-Unis, qui allèguent qu’elle et Huawei ont violé les sanctions américaines contre l’Iran, des accusations démenties par la principale intéressée.

Selon ces documents, des témoins diront devant le tribunal que Mme Meng a assuré un cadre supérieur de HSBC que Skycom était un partenaire local de Huawei et que la société chinoise avait cédé toutes les actions de la société en Iran.

Quelques heures après cette réunion, Huawei a annoncé avoir reçu un prêt de 1,5 milliard US d’un groupe de banques internationales dont HSBC était le principal prêteur.

Le comité des risques de HSBC responsable de la région Asie-Pacifique s’est réuni à Hong Kong et a estimé que Huawei avait informé la banque que ses actions dans Skycom avaient été vendues en 2009 et que Mme Meng avait démissionné de son poste au conseil d’administration la même année, selon les documents.

« Les preuves démontrent que Mme Meng a délibérément fait des démarches malhonnêtes à HSBC dans le but de préserver la relation de Huawei avec la banque, sachant que ce faisant, HSBC serait exposée à un risque de perte économique », peut-on lire.

Ces preuves établissent une fraude et suffisent pour justifier l’extradition de Mme Meng vers les États-Unis, selon les documents.

L’arrestation de la haute dirigeante du géant chinois des télécommunications a provoqué une crise sans précédent entre le Canada et la Chine.

L’arrestation par Pékin des Canadiens Michael Kovrig et Michael Spavor et les allégations subséquentes d’espionnage portées contre eux sont largement considérées comme des tentatives de la Chine de faire pression sur le Canada pour qu’il libère Mme Meng.

Ses avocats ont accusé le président américain Donald Trump d’avoir « envenimé » le dossier d’extradition par des ingérences et de tenter de l’utiliser comme « monnaie d’échange » dans le différend commercial entre les États-Unis et la Chine.

Les documents publiés vendredi seront utilisés lors de l’audience de renvoi prévue en avril 2021.

Il y aura cependant d’autres audiences avant, notamment en février. Les avocats de Mme Meng plaideront alors qu’elle a fait l’objet d’un abus de procédure lors de son arrestation à l’aéroport de Vancouver.