« Cette nuit, c’était vraiment agité. » Les résidants d’un quartier paisible du secteur Longue-Pointe sont sous le choc après la mort d’une petite fille de 6 ans, jeudi, qui a été poignardée dans un logement de la rue Desautels, au coin de la rue Hochelaga. Sa mère, considérée comme la principale suspecte, a été arrêtée et doit comparaître devant le tribunal vendredi.

« Nous avons eu confirmation pendant la matinée que la fillette était malheureusement décédée des suites de ses blessures », a confirmé le porte-parole du SPVM, Raphaël Bergeron, en début d’après-midi jeudi. Il s’agit du 11e homicide sur le territoire de Montréal cette année.

Des signalements au 911 avaient été faits vers 3 h, dans la nuit de mercredi à jeudi, pour des « cris entendus » dans le voisinage. Un employé d’un Tim Hortons situé à proximité, qui a appelé la police, aurait notamment subi un choc nerveux. À leur arrivée sur les lieux, les policiers ont trouvé la fillette poignardée, avec d’importantes blessures. Des équipes paramédicales l’ont transportée d’urgence en centre hospitalier, où sa mort a été constatée quelques heures plus tard.

Sa mère, âgée de 36 ans, se trouvait à l’extérieur du bâtiment à l’arrivée des policiers. Elle a également été transportée à l’hôpital, afin de soigner des blessures mineures. Le SPVM a confirmé jeudi en fin de soirée que la femme dans la trentaine avait été interrogée par les enquêteurs, puis arrêtée à titre de principale suspecte dans cette affaire. Il n'a toutefois pas été possible de connaître les chefs d'accusation qui seront déposés contre la mère.

Celle-ci avait d'abord été considérée comme un témoin important, puisque les premiers agents arrivés sur les lieux avaient interpellé la femme, « mais celle-ci n’était pas dans un état d’esprit pour s’entretenir avec les enquêteurs », selon le SPVM. L’objectif prioritaire de l’enquête était donc de « déterminer son implication précise » dans cette affaire.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Un important périmètre de sécurité a été établi dans le secteur pour laisser les enquêteurs travailler.

Pour laisser les policiers travailler, un périmètre de sécurité a été établi pendant toute la journée. Les enquêteurs sont entrés à l’intérieur de l’appartement en fin de matinée pour effectuer une scène de crime et valider certains éléments. « Plusieurs personnes qui auraient pu entendre ou voir des choses ont été rencontrées. D’autres vont l’être si elles se manifestent », a dit M. Bergeron.

La rue Desautels est demeurée fermée jeudi, entre Hochelaga et Pierre-de-Coubertin. La police de Montréal avait demandé aux citoyens d’éviter le secteur.

Des voisins consternés

Consternés par la scène, des voisins se rassemblaient autour des lignes policières, en matinée, pour tenter d’en savoir plus. L’un d’eux, prénommé Pierre, affirme avoir entendu des bruits inhabituels pendant la nuit. « Je m’apprêtais à m’endormir quand j’ai entendu des enfants se disputer dans la rue. L’un d’eux a crié « sauvez-moi », mais ça me semblait être dans ma bâtisse. J’ai pensé faire le 911 », explique-t-il.

Pour moi, c’était très inhabituel. Dans ce coin-là, c’est très calme normalement. Mais cette nuit, c’était vraiment agité.

Pierre, un voisin habitant rue Desautels

Le résidant, qui soutient qu’il pourrait y avoir un lien entre cette dispute et l’évènement, affirme avoir raconté sa version des faits aux enquêteurs, qui ont pris sa déposition. « Je n’ai rien vu, mais j’ai tenu à leur dire ce que j’ai entendu », relate-t-il.

Une autre voisine a aussi soutenu avoir entendu les cris d’une femme pendant la nuit. De sa fenêtre, elle dit avoir vu un policier sortir de l’appartement avant de s’asseoir sur les marches, sous le choc. Comme le protocole le prévoit, de l’aide psychologique sera offerte aux agents qui ont découvert la scène, s’ils le désirent.

« Ça démontre l’état de la société », s’est désolée une autre résidante qui passait par là. « Peut-être que c’est un tout aussi. Avec ce qu’on vit, le confinement, les bouleversements… c’est grave », a-t-elle ajouté.