Soixante-deux. C’est le nombre de coups de couteau assénés par Max Aubin pour tuer son ex-copine Mylène Laliberté, il y a trois ans. Un meurtre « horrible » d’une violence inouïe. Malgré son risque élevé de récidive, sa quasi absence de remords et une nouvelle relation avec une femme vulnérable, le meurtrier devra purger seulement 13 ans de détention avant d’être admissible à la libération conditionnelle.

« J’en conviens, c’est peut-être incompréhensible pour la famille, surtout compte tenu du rapport présentenciel défavorable. Si le Max Aubin d’aujourd’hui est le Max Aubin dans 9-10 ans, il serait surprenant qu’il puisse obtenir sa libération conditionnelle. […] Je vous souhaite du fond du cœur que [cela] vous permettra de vivre votre deuil », a tenu à dire la juge Hélène Di Salvo à la famille de la victime, jeudi matin au palais de justice de Joliette.

Les mains pratiquement liées par un arrêt de la Cour suprême sur les recommandations conjointes, la juge a suivi la suggestion des avocats, parce qu’elle n’était pas contraire à l’intérêt public et à l’administration de la justice. Ça n’a pas empêché la juge d’insister dans sa décision sur la gravité de ce crime crapuleux commis dans un contexte de violence conjugale.

Le 13 janvier 2017, Max Aubin est frustré d’une nouvelle rupture avec son ex-copine de 24 ans. Mylène Laliberté en a alors assez du comportement jaloux et de la consommation de drogue de ce dernier. Le jour fatidique, Max Aubin consomme d’ailleurs de la cocaïne et se rend chez la victime, à Saint-Lin-Laurentides. Comme elle refuse de le laisser entrer, il défonce la porte et poignarde la jeune femme avec un couteau dans sa poche. Il utilise même un second couteau dans sa folie meurtrière.

« Des gestes gratuits et violents commis par [un homme] qui ne pouvait accepter la rupture. Mylène Laliberté a malheureusement fait confiance à cet homme qui s’est introduit chez elle pour la poignarder sauvagement de 62 coups de couteau. Il s’agit d’un autre triste cas de violence conjugale. Trop de femmes sont abusées par des hommes », a martelé la juge Di Salvo.

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Mylène Laliberté, tuée à 24 ans

Même après trois ans derrière les barreaux, Max Aubin représente toujours un risque élevé de récidive, tranche un rapport présentenciel au vitriol. « J’en ai eu plein de compagnes avant Mylène, je ne les ai pas toutes tuées », s’est-il notamment défendu. Des propos empreints de « manipulation » qui font conclure à la juge que Max Aubin est « avant tout motivé à retrouver sa liberté ».

« À la lecture du rapport, il est difficile de considérer que l’accusé éprouve de réels regrets, il semble plutôt concerné par la durée de la période d’inéligibilité qui lui sera imposée », soutient la juge.

Pendant sa détention, Max Aubin utilisait un téléphone cellulaire de contrebande pour parler avec sa nouvelle copine, une jeune femme vraisemblablement atteinte de déficience intellectuelle. Dans un reportage « troublant » cité par la juge, on pouvait entendre Max Aubin tenir des propos « agressifs » à sa nouvelle flamme depuis la prison. C’est d’ailleurs ce qui a incité la juge à réclamer la confection d’un rapport présentenciel, lequel n’a finalement rien changé à la peine suggérée par les avocats.

Cette relation a particulièrement troublé la juge Di Salvo, puisque les problèmes de jalousie du meurtrier demeurent « fort inquiétants ». « Malgré ses inquiétudes, le Tribunal ne peut malheureusement pas protéger cette dernière. L’entourage de cette dernière et les autorités carcérales devront encadrer efficacement cette relation », a lancé la juge.

Notons que Max Aubin purge une peine de prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 13 ans. Une fois cette période terminée, la Commission des libérations conditionnelles du Canada devra déterminer s’il représente toujours un risque pour la société. Sa libération n’est donc pas automatique, a rappelé la juge.

MYan Vachon a représenté le ministère public, alors que MDavid Petranic a défendu l’accusé dans cette affaire.