L’ancien président canadien du groupe de motards des Rock Machine, Jean-François Émard, est dans un état grave mais stable à l’hôpital, après avoir été attaqué par des codétenus vendredi soir, au pénitencier Archambault de Sainte-Anne-des-Plaines, a appris La Presse.

Selon nos informations, Émard, 43 ans, aurait été agressé par quatre détenus armés de pics artisanaux qui l’auraient frappé à une vingtaine de reprises dans la cour est du pénitencier. Il aurait notamment eu un poumon perforé, selon des sources.

« Les enquêteurs de la Sûreté du Québec tentent de faire la lumière sur un événement dans lequel un homme de 43 ans a subi des blessures. La victime a été transportée dans un centre hospitalier dans un état grave. L’enquête est menée par la section des crimes majeurs de Mascouche », a déclaré l’agente Valérie Beauchamp, de la SQ.

Les blessures subies par l’ex-motard ont été si graves que les autorités ont craint pour sa vie durant un certain temps avant que son état se stabilise. Selon nos informations, Jean-François Émard ne collabore pas avec les enquêteurs et ses quatre agresseurs n’auraient pas encore été arrêtés.

En mars 2018, l’ancien motard a été condamné à 45 mois de pénitencier pour trafic de drogues et possession d’arme. En soustrayant la période de détention préventive, il lui restait alors 33 mois à purger.

En mai 2019, Émard a vu sa libération conditionnelle suspendue pour sa sécurité, parce que sa vie était en danger. Mais en juillet suivant, il a convaincu les commissaires aux libérations conditionnelles de l’envoyer en maison de transition. Il y a environ trois semaines, il aurait brisé l’une de ses conditions. Sa semi-liberté a été suspendue ce qui explique son retour dans un pénitencier.

Un homme marqué

Au cours des dernières années, les policiers ont avisé Émard que sa vie était en danger à plusieurs reprises.

En mai 2019, devant les commissaires aux libérations conditionnelles, Jean-François Émard a déclaré que les Rock Machine, son ancien club, étaient devenus « une honte ».

Lors de l’audience suivante en juillet 2019, l’ex-motard a dit savoir d’où venaient les menaces — d’un ancien Rock Machine — et les a balayées du revers de la main.

« Cette personne-là n’aurait absolument pas les ressources pour me faire du mal. Sur une échelle de 0 à 10… c’est en bas de zéro. Si l’information avait été vraie, je ne pourrais pas marcher dans la cour du pénitencier, car des détenus se seraient informés [pour la prime sur sa tête] et on m’aurait sorti d’ici », avait alors dit Émard aux commissaires.

En 2014, alors qu’il était en liberté et roulait en voiture dans le secteur de Lachute, Jean-François Émard a reçu une balle dans un bras, vraisemblablement dans un contexte de conflit avec un membre des Hells Angels, selon des sources.

La même année toutefois, dans une entrevue avec La Presse, Émard avait assuré que la guerre avec les Hells Angels, qui a fait 160 morts et autant de blessés entre 1994 et 2002, était chose du passé et que les nouveaux Rock Machine voulaient maintenant vivre en paix avec leurs anciens adversaires.

En 2016, Jean-François Émard a été arrêté car on l’a soupçonné d’avoir ouvert le feu sur des individus liés aux Hells Angels dans un bar de danseuses de Casselman, en Ontario.

Émard a également fait la manchette pour une autre raison en 2014 ; il avait été frappé par un policier de la SQ qu’il venait d’insulter dans une cellule du poste de Valleyfield.

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