Même après 15 ans de détention, l’un des pires pédophiles des dernières décennies au Québec continue de se vanter de ses crimes. Accusé l’hiver dernier d’avoir récidivé en maison de transition, l’ex-dirigeant d’un réseau international de pédophiles s’est targué de sa facilité à se procurer de la pornographie juvénile à la barbe des services correctionnels.

« M. X » est tristement célèbre pour s’être livré pendant des mois à d’ignobles sévices sexuels envers sa fille de 4 ans et une jeune voisine entre 2000 et 2002. Théâtre de l’horreur, son procès avait révolté le Québec à l’époque en raison des ignominies présentées. Nous ne pouvons le nommer pour protéger l’identité de sa fille.

Le prédateur sexuel filmait ses agressions dans la « chambre d’amour » et transmettait sur l’internet des milliers de photos et de vidéos d’enfants à d’autres pédophiles. Père de quatre enfants, il se vantait d’avoir agressé des dizaines de jeunes. Il a été condamné en 2005 à la peine maximale de 15 ans de pénitencier pour avoir commis « le pire crime dans les pires circonstances ».

Malgré sa longue détention, l’homme de 46 ans n’a fait aucun progrès et présente toujours un risque élevé de récidive, constate la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) dans une décision rendue publique jeudi. Sa libération d’office a d’ailleurs été suspendue en février dernier, lorsqu’il a été accusé d’avoir possédé et distribué de la pornographie juvénile et d’y avoir accédé entre mai et août 2019.

« De l’information provenant d’une source de fiabilité apparente indique que vous vous vantiez de votre criminalité de nature sexuelle et qu’il était facile pour vous de vous procurer de la pornographie juvénile », souligne la Commission.

M.  X aurait prêté à un cochambreur un GPS de marque Garmin contenant 1200 photos de pornographie juvénile, alors qu’il était en maison de transition, détaille la Commission. Le récidiviste possédait une panoplie d’objets électroniques, dont du filage truqué, ainsi que trois photos de fillettes reçues par la poste. L’une d’entre elles a été identifiée comme une victime officielle de pornographie juvénile par les policiers.

Libéré d’office en décembre 2015 après avoir purgé les deux tiers de sa peine, M. X a été transféré dans un centre correctionnel communautaire en 2019 en raison de son non-respect des consignes, de sa faible motivation et de sa tendance à se victimiser. La Commission relève ses déplacements « nébuleux » dans des commerces de prêt sur gage (pawnshops) et un épisode où il s’est rendu au Jardin botanique sans autorisation en présence de plusieurs groupes d’enfants.

« Malgré votre participation à bon nombre d’interventions, votre dynamique sexuelle demeure préoccupante. […] La Commission note que vous vous responsabilisez très peu face à votre problématique de délinquance sexuelle. À ce jour, la Commission ne peut pas constater de changements mesurables et observables dans vos comportements », conclut la Commission.

Ni ordinateur ni téléphone

La Commission impose ainsi de sévères conditions de libération au prédateur sexuel. Il devra demeurer dans une maison de transition relevant des services correctionnels jusqu’à la fin de sa peine, sans privilèges de sortie. Il devra aussi se soumettre à une évaluation psychiatrique et suivre des traitements. Il lui est toujours interdit de se trouver en présence d’un enfant et d’utiliser un ordinateur ou un téléphone.

M. X soutient pour sa part qu’il est « exagéré » de lui imposer des conditions « plus restrictives » qu’au pénitencier, souligne la Commission. Le criminel à la personnalité narcissique et antisociale s’est plaint au mois de mai que ses conditions l’empêcheraient de se trouver du travail. Il dénonce aussi sa médication et sa condition d’éviter les mineurs de moins de 14 ans.

Notons qu’à l’échéance de sa peine, M. X fera l’objet d’une surveillance accrue au moins jusqu’en 2030, puisqu’il a été déclaré délinquant à contrôler pour la période maximale de 10 ans. Son enquête préliminaire dans la présente affaire aura lieu en septembre prochain au palais de justice de Montréal.