(Fort Mcmurray) Les accusations portées contre le chef Allan Adam de la Première Nation chipewyanne d’Athabasca, qui a été violemment arrêté en mars dernier, ont été abandonnées.

Le dossier du chef Allan Adam était de retour devant le tribunal, mercredi, à la cour provinciale à Fort McMurray. Des documents judiciaires indiquaient que les accusations de voies de fait contre un agent de la paix et de résistance à son arrestation devaient être retirées par la Couronne.

La Première Nation chipewyanne, au nord de l’Alberta, a confirmé que c’est effectivement ce qui s’est produit lors de l’audience devant le juge, mercredi matin.

« La Couronne a réexaminé l’état de la preuve après l’examen des éléments disponibles, incluant de nouveaux éléments pertinents, et a pris la décision de retirer les accusations », a commenté la porte-parole du ministère de la Justice de l’Alberta, Carla Jones, par voie de communiqué.

Le chef Allan Adam a accueilli la nouvelle avec joie.

« Je suis submergé (par l’émotion) de voir les accusations être retirées parce que, nous le savions, ma femme et moi, que nous n’avions rien fait de mal », a-t-il déclaré en vidéoconférence avec les médias.

« Ce n’était qu’une histoire de plaque d’immatriculation expirée. On ne comprend pas les raisons pour lesquelles il fallait que les choses s’enveniment », a-t-il ajouté.

PHOTO LA PRESSE CANADIENNE

Allan Adam

Pour son avocat, Brian Beresh, l’abandon des chefs d’accusation constitue une victoire.

« Le retrait de ces accusations à cette étape du processus de droit, de notre point de vue, c’est une reconnaissance de non-culpabilité », estime Me Beresh.

« C’est une véritable victoire, non seulement pour Allan Adam et sa famille, les autres accusés autochtones, mais aussi pour toute notre société », a-t-il souligné.

Cette décision survient après que des images de l’arrestation musclée, captées par la caméra de bord d’un véhicule de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), eurent été rendues publiques plus tôt ce mois-ci. La vidéo d’une durée de 12 minutes a semé l’émoi et nourri le débat sur le racisme systémique au sein des corps policiers au Canada.

Les images montrent le chef Allan Adam, intercepté pour une plaque d’immatriculation expirée, aller et venir entre son camion et l’autopatrouille de la GRC, lançant des jurons en direction d’un policier et se plaignant d’être harcelé par les forces de l’ordre.

On peut ensuite voir un autre policier de la GRC foncer sur le chef autochtone avant de le plaquer au sol et de lui asséner un coup de poing à la tête.

Le service des poursuites criminelles de l’Alberta n’a pas voulu commenter le travail de la police dans ce dossier.

La GRC avait initialement déclaré que les gestes posés par ses agents étaient raisonnables, mais l’Équipe d’intervention de l’Alberta en cas d’incident grave a depuis ouvert une enquête sur cette intervention policière.

À la suite du retrait des accusations, la GRC a réagi en disant que cette décision appartient ultimement à la Couronne.

« Le rôle de la police est d’enquêter et de réunir la preuve pour soutenir l’accusation et la GRC a rempli son rôle dans cette affaire », a commenté le porte-parole Fraser Logan.

« Le rôle de la Couronne est d’évaluer la preuve et de déterminer si elle veut poursuivre. Comme on l’a entendu aujourd’hui, la Couronne a pris la décision de retirer les accusations », a-t-il expliqué.

Selon le chef national de l’Assemblée des Premières Nations (APN), Perry Bellegarde, lorsque la vidéo montre un deuxième policier arriver en courant et projeter violemment le chef Adam au sol, il s’agit d’une utilisation excessive de la force.

Le premier ministre de l’Alberta, Jason Kenney, a également commenté le dossier à la suite de l’annonce de la décision de la poursuite. Il a rappelé que la Loi sur la police fait actuellement l’objet d’une révision dans la province et qu’une attention particulière sera portée au racisme systémique et à l’utilisation excessive de la force.

« J’ai fait part de mes préoccupations et de ma stupeur après avoir vu la vidéo, a mentionné M. Kenney depuis Edmonton. On sait que dans tous les milieux, il y a des pommes pourries. Et les services policiers, particulièrement en raison des pouvoirs extraordinaires qu’ils exercent, doivent être particulièrement prudents ».