Certaines victimes étaient connues du suspect, a confirmé la GRC dans une mise à jour sur la tuerie qui a ébranlé la Nouvelle-Écosse au cours de la fin de semaine et a coûté la vie à 19 personnes. L’enquête sera « très longue et très compliquée », a indiqué Brenda Lucki, commissionnaire de la Gendarmerie royale du Canada.

Les personnes assassinées recensées jusqu’à maintenant sont des hommes et des femmes d’âge adulte. Certaines connaissaient le suspect, alors que d’autres n’avaient aucun lien avec le tireur en cavale. Des victimes ont été ciblées par le suspect, d’autres ne l’étaient pas. En point de presse, la GRC n’a pas donné de détails sur le lien entre le tireur et les victimes qu’il connaissait.

Le bilan des décès est appelé à s’alourdir, a précisé la GRC. L’enquête se poursuit et promet d’être longue, due aux multiples scènes de crimes examinées. Au moins cinq endroits distincts auraient été incendiés par le tireur et d’autres morts pourraient être identifiés. Il y a 16 scènes de crime à travers la Nouvelle-Écosse, ce qui complexifie l’enquête qui va durer des mois, selon la GRC.

« Dans les prochains jours, nous allons fournir un itinéraire détaillé de tous les endroits affectés par cette tragédie. »

Tant que toutes les victimes n’ont pas été identifiées, une liste exhaustive ne pourra être fournie au public.

L’homme dans la cinquantaine mentionné hier demeure le seul suspect dans cette affaire. Il n’était pas « connu » des forces policières, a déclaré la grande patronne de la GRC dans un point de presse distinct.

Au volant d’une réplique de voiture de police, vêtu de la copie conforme d’un uniforme d’agent des forces de l’ordre, il a pu se déplacer sans éveiller les soupçons de ceux et celles qu’il croisait.

Pour une raison qui demeure inconnue, le système d’alertes d’urgence n’a pas été activé durant le parcours meurtrier du tireur. C’est plutôt via Twitter que la GRC communiquait ses informations.

« Nous avons perdu une des nôtres alors qu’elle protégeait les autres. Elle est la définition d’une vraie héroïne », a déclaré en point de presse la caporale Lisa Croteau au sujet de Heidi Stevenson, qui œuvrait au sein de la GRC depuis 23 ans. « Aux familles des victimes, acceptez mes plus sincères condoléances. »

L’agent Chad Morrison, un de ses collègues également atteint par balle, se remet actuellement de ses blessures et on ne craint pas pour sa vie. « Nous allons nous souvenir de leurs sacrifices », a déclaré en point de presse le ministre fédéral de la Sécurité publique Bill Blair.

Justin Trudeau a rendu hommage lundi aux victimes de la tuerie survenue en Nouvelle-Écosse dans un point de presse empreint de gravité, où la pandémie de COVID-19 n’a pris qu’une place secondaire. Le premier ministre n’a toutefois pas voulu s’avancer sur la question du contrôle des armes à feu.

« Une telle tragédie n’aurait jamais dû se produire. La violence n’a jamais sa place dans notre pays. Nous partageons votre deuil. Nous sommes de tout cœur avec vous alors que vous vivez des moments extrêmement douloureux », a déclaré solennellement Justin Trudeau lors de son point de presse quotidien à Ottawa.

« La première chose à laquelle j’ai pensé quand j’ai vu les images, quand j’ai vu le nombre de victimes, j’ai tout de suite pensé aux Néo-Écossais. Toute la province et tout le pays sont en deuil. C’est une tragédie inimaginable », a ajouté le premier ministre.

Ce dernier a rappelé à plusieurs reprises que l’enquête de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) était toujours en cours. Il a également demandé aux médias de ne pas utiliser le nom ou la photo du tueur. « Ne lui faisons pas ce cadeau », a-t-il lancé.

Le premier ministre canadien a salué le « courage et le professionnalisme » des premiers répondants en Nouvelle-Écosse. « Vous travaillez déjà très fort à cause de la pandémie. Plus que jamais, on a besoin de vous et par moments, c’est une responsabilité qui peut être lourde à porter. Malgré des circonstances exceptionnelles, vous avez fait ce que vous avez l’habitude de faire », a dit Justin Trudeau.

Justin Trudeau entend participer « dans la mesure du possible » aux vigiles « virtuelles » qui auront lieu dans les prochains jours pour rendre hommage aux victimes. « Ce sera l’occasion pour nous de célébrer la vie des victimes et d’être là pour leur famille et leurs proches », a-t-il expliqué.

Le premier ministre a semblé particulièrement secoué en abordant la question des funérailles des victimes de la fusillade, alors que la pandémie empêche les rassemblements.

« C’est une discussion que nous allons devoir tenir. C’est très difficile pour eux d’imaginer qu’ils ne vont pas pouvoir enterrer les victimes, mais en même temps, il y a des milliers de Canadiens qui ont perdu des êtres chers à cause de la COVID. […] C’est une situation difficile, rendue encore plus difficile dans des moments de pertes et de deuil. Nous devons continuer d’essayer d’être là les uns pour les autres dans des moments tragiques », a déclaré Justin Trudeau.

Un projet de loi à un moment « plus approprié »

Justin Trudeau n’entend pas déposer de projet de loi pour resserrer le contrôle des armes à feu pendant la pandémie. En campagne électorale, il avait promis d’interdire les fusils d’assaut de style militaire, mais la pandémie a relégué aux oubliettes tout l’agenda parlementaire.

Son gouvernement entend toutefois « reprendre ces mesures importantes » à la Chambre des communes dès qu’il sera « plus approprié » de le faire. « Je peux souligner qu’on avait fait des engagements extrêmement clairs au niveau du resserrement du contrôle des armes à feu et on était à veille, justement, de présenter un projet de loi pour bannir les armes d’assaut dans notre pays », a expliqué le premier ministre.

« Je pense que c’est une situation tragique qui nous rappelle que, malheureusement, il y a encore de la violence faite avec des armes à feu dans notre pays. On a pris des mesures pour renforcer le contrôle des armes à feu. On doit faire plus, on s’est engagé à en faire plus et on va en faire plus », a-t-il martelé.

Le gouvernement Trudeau est toujours déterminé à déposer un projet de loi pour resserrer le contrôle des armes à feu, a assuré le ministre Bill Blair. « Le calendrier parlementaire actuel doit être fixé, puisque nous sommes à une époque incertaine. Mais nous n’avons jamais dit que nous étions moins déterminés à resserrer le contrôle des armes à feu », a répété le ministre de la Sécurité publique.

Trudeau refuse de se mêler des « chicanes partisanes »

Les députés reprennent les travaux parlementaires lundi avec un nombre réduit d’élus. Or, il n’y a toujours pas consensus avec l’opposition. Le Parti conservateur réclame toujours la tenue de trois rencontres par semaine à la Chambre des communes, alors que le Parti libéral, le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique sont d’accord pour tenir une seule rencontre par semaine.

Justin Trudeau n’a pas voulu « s’immiscer » dans ces « chicanes partisanes » pendant son point de presse. Il s’est dit « confiant » que les parties puissent s’entendre aujourd’hui sur une « approche » permettant de s’assurer de façon « responsable » de la continuité des institutions démocratiques.

« Je pense que les citoyens comprennent que c’est important que malgré la crise, qu’à cause de la crise, que l’on continue de défendre nos institutions, que l’on continue de siéger en tant que Parlement, de chercher des façons pour le faire de façon responsable. C’est important de continuer avec les mesures nécessaires pour aider les gens. On est en train de proposer des façons pour travailler de façon constructive et responsable », a expliqué Justin Trudeau.

Chantiers de construction au Québec

Alors que les travailleurs de la construction sont retournés sur les chantiers résidentiels lundi matin au Québec, le premier ministre s’est gardé de critiquer cette importante mesure du gouvernement Legault pour rouvrir l’économie québécoise.

« C’est important que les différentes juridictions prennent leurs décisions dans leur champ de compétence. C’est à chaque province d’évaluer qu’est-ce qui peut être fait à quel moment. […] Évidemment, c’est essentiel que, quelles que soient les décisions prises, la santé des travailleurs pour empêcher la COVID-19 soit la priorité dans toute reprise d’un travail », a expliqué Justin Trudeau.