(Québec) Le meurtrier récidiviste Eustachio Gallese a poignardé Marylène Lévesque une trentaine de fois parce qu’il était jaloux et craignait le rejet, mais il est maintenant « vraiment désolé » de ce qui est arrivé.

C’est la déclaration qu’il a signifiée jeudi au palais de justice de Québec avant d’enregistrer un plaidoyer de culpabilité pour le meurtre au premier degré de la jeune travailleuse du sexe.

L’accusé a voulu « démontrer tout le remords qui l’habite », a témoigné son avocat, Rénald Beaudry, devant le juge Louis Dionne, de la Cour supérieure.

« Il est vraiment désolé de ce qui est arrivé, a-t-il poursuivi. Il ne s’apitoie pas sur son sort. »

« Tout a été dit »

Avant de prononcer la peine, le magistrat a demandé au coupable s’il avait quelque chose à ajouter. « Non, tout a été dit », a répondu Gallese, dans le box vitré des accusés. L’air hagard, il fixait parfois le sol, parfois l’assistance où se trouvaient des proches de la victime.

Le juge l’a condamné à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans.

« Vous avez commis l’irréparable, aucune peine ne pourra ramener en vie Marylène Lévesque », a-t-il déclaré, au terme d’une audience qui a duré moins de 30 minutes jeudi matin.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE FACEBOOK DE MARYLÈNE LÉVESQUE

Marylène Lévesque

Répercussions « catastrophiques »

Le beau-père de la femme de 22 ans, François Boulet, a tenu à témoigner au nom de la famille et des proches. « La Terre a arrêté de tourner le 22 janvier. Il est difficile de mesurer les impacts de ce massacre », a-t-il dit en évoquant les insomnies, cauchemars répétés, les absences au travail.

« Les répercussions dans nos vies sont catastrophiques », a-t-il conclu.

L’assassinat de Mme Lévesque le 22 janvier dernier à Québec avait fait grand bruit. Gallese avait déjà été reconnu coupable du meurtre de sa conjointe en 2004 et bénéficiait d’une semi-liberté. La Commission des libérations conditionnelles l’avait toutefois autorisé à fréquenter des salons de massage à des fins sexuelles.

C’est là qu’il a connu Marylène Lévesque au début de juin 2019. Après quelques rencontres, il commence à développer un « certain attachement » pour elle, une « connexion », retrouve-t-on dans la déclaration, lue en Cour par le procureur de la Couronne, Jean-Philippe Lanthier.

Angoisse, anxiété, jalousie

En septembre 2019, Gallese a l’impression que sa relation « se détériore » et il la sent « plus distante ».

« Il commence à ressentir de l’angoisse, de l’anxiété et de la jalousie », et même s’il consulte un médecin et obtient une ordonnance pour des médicaments, il devient obsédé par elle.

Le 11 janvier, l’homme et sa victime se rencontrent et c’est par la suite qu’il échafaude le plan de tuer la jeune femme puis de s’enlever la vie. Il se procure par la suite un couteau.

Le 22 janvier, ils se donnent rendez-vous dans le restaurant d’un hôtel de Québec, et après quelques verres, ils montent dans la chambre. C’est là qu’il saisit son couteau et poignarde la jeune femme.

Des aveux

Il quitte l’hôtel vers 20 h 45 et se présente au poste de police vers 23 h 34 pour avouer son crime. Le 6 février, il rencontrera les enquêteurs et enregistrera une « déclaration incriminante ».

C’est pourquoi le ministère public a finalement remplacé l’accusation initiale de meurtre non prémédité par une autre de meurtre prémédité — l’accusation la plus grave du Code criminel.

« Il a fait certains aveux tant sur le plan de la préméditation que du meurtre », a expliqué Me Lanthier en mêlée de presse après l’audience, en ajoutant que « l’élément important » était l’achat du couteau.

Le procureur a dit être satisfait de l’issue de cette affaire, qui a permis d’éviter de longues procédures à la famille.

Chronique d’une mort annoncée

L’avocat de la défense a évoqué la responsabilité de la Commission des libérations conditionnelles. Selon Me Beaudry, il s’agissait de la « chronique d’une mort annoncée », reprenant ainsi le titre d’un grand roman de langue espagnole.

« Comment une institution censée protéger la société a pu échapper ce dossier ? Pourquoi elle n’a pas pris les moyens nécessaires pour surveiller ses allées et venues (de Gallese) ? »

Il a tenu aussi à répondre à ceux qui lui demandent pourquoi il défend des meurtriers comme Gallese. « Je crois au système judiciaire » depuis 38 ans, a-t-il professé, en rappelant que chaque accusé a le droit à une défense pleine et entière, ainsi qu’en évoquant les grands procès qui ont fait l’Histoire comme Nuremberg et ceux qui ont suivi le génocide rwandais.

Le ministre fédéral de la Sécurité publique, Bill Blair, a demandé la tenue d’une enquête sur les circonstances qui ont mené à la mort de Mme Lévesque.