L’organisateur de galas de boxe, Yvon Michel, se dit confiant que les juges administratifs de la Régie des alcools, des courses et des jeux ne suspendront pas son permis durant 90 jours, comme le demande le contentieux de la RACJ.

Convoqué pour s’expliquer sur la présence de six membres des Hells Angels, assis directement dans le périmètre de sécurité autour de l’arène, lors d’un gala de boxe le 20 septembre dernier, au Centre Pierre-Charbonneau à Montréal, le patron de GYM a écouté religieusement les représentations de son avocat et de la procureure de la régie mardi, au troisième et dernier jour d’audience.

Après les plaidoiries, il a répondu aux questions des journalistes qui l’attendaient et s’est dit optimiste, même si son langage corporel semblait trahir une certaine nervosité.

Je suis convaincu que cela ne se rendra pas jusque-là (la suspension). On va passer au travers. Si jamais mon permis est suspendu, cela va pénaliser des boxeurs de chez nous.

Yvon Michel

Son permis annuel se termine le 31 mars. Il pourra toutefois être renouvelé le premier avril, même si les juges administratifs n’auront pas encore rendu leur décision sur la suspension demandée par la régie.

Yvon Michel assure que les galas prévus en mars au Casino de Montréal et à Québec ne sont pas en péril, mais il n’a pas voulu se prononcer sur un troisième événement prévu en mai.

« Je ne m’attends pas à avoir une telle résultante (suspension) mais si cela se rendait jusque-là, cela briserait mon lien de confiance avec la régie, dont je suis l’un des plus grands supporteurs depuis ses débuts », a ajouté M. Michel.

Pas au-dessus des lois

Pour justifier sa demande de suspendre le permis de GYM durant trois mois, la procureure au dossier, Me Joliane Pilon, a énuméré plusieurs reproches exprimés par la régie envers GYM.

Selon elle, le gala du 20 septembre a été en réalité organisé ou co-organisé par New Era fighting & promotion, et non pas par GYM.

« Tout tend à démontrer que Yan Pellerin et New Era fighting & promotion ont pu faire indirectement ce qu’ils ne pouvaient faire directement. L’événement a été organisé par et pour
New Era, ou celle-ci l’a à tout le moins co-organisé », a dit Me Pilon.

La procureure a ajouté que même si preuve n’a pas été faite que les billets pour les places occupées par les Hells Angels ont été vendus, ce n’était pas le problème. Le problème selon elle, c’est que des membres du crime organisé se soient retrouvés assis à des places normalement réservées aux invités de l’organisateur.

« À l’arrivée des policiers, des spectateurs leur ont dit qu’il y avait ce soir des individus qui pourraient les intéresser. Les employés de la régie étaient inquiets. Croyez-vous sincèrement, avec toute l’expérience qu’il a, que M. Michel n’ait rien remarqué ? Qu’il n’avait pas la moindre idée de qui était assis derrière lui ? Comment le public doit-il réagir quand il voit Yvon Michel assis devant une rangée pleine de Hells Angels ? », a-t-elle lancé aux juges administratifs.

PHOTO DÉPOSÉE DEVANT LA RACJ

Dans l’ordre habituel, assis dans la deuxième rangée, six membres des Hells Angels : Salvatore Cazzetta, Salvatore Brunetti, Stéphane Plouffe, Vincent Boulanger, Yvon Tanguay et David Lefebvre, ont assisté au gala de boxe du 20 septembre dernier au Centre Pierre Charbonneau.

Me Pilon s’est également questionnée sur le fait que les gardiens de sécurité de la compagnie Garda présents ce soir-là, détenteurs de permis du Bureau de la sécurité privée, ont été affectés à la surveillance à l’extérieur de l’amphithéâtre, alors que d’autres gardiens, dont aucune preuve n’a été faite qu’ils détiennent des permis, ont assuré la sécurité à l’intérieur du centre.

Même si la preuve n’a pas été faite que le crime organisé a organisé ce gala, c’est l’image que cela projette ».

Me Pilon

« Malgré les avertissements de la régie lors d’une audience précédente, GYM a tout de même décidé de s’associer à New Era fighting & promotion et même à lui donner plus de place ».

« Je suis bien consciente qu’il est impossible d’interdire la présence de membres du crime organisé aux galas de boxe mais il y a une limite à tracer ».

« On ne remet pas en doute l’intégrité de M. Michel et de GYM mais certains éléments nous font nous poser des questions. Il y a eu des manquements et des infractions, et il doit y avoir des sanctions. La bonne réputation de M. Michel ne doit pas le mettre au-dessus des lois. On ne peut avoir des règlements à deux vitesses », a conclu M. Pilon.

Manque de rigueur

Pour sa part, l’avocat de GYM, Me Martin Pichette a affirmé qu’Yvon Michel « s’est donné au suivant, en main tendue à Yan Pellerin », qu’il a voulu aider.

Il a notamment dit que les motifs de convocation de la régie n’étaient pas raisonnables, qu’elle n’a pas géré le dossier avec rigueur, qu’il y a des lacunes dans sa preuve, que la régie « cherche davantage à sanctionner une tierce partie avec laquelle GYM s’est associée (New Era fighting & promotion) et qu’elle n’a aucune preuve sur Yan Pellerin ».

« L’aménagement de la salle avait été approuvé par la régie. Outre la dernière année, GYM a eu une feuille de route impeccable et là, soudainement, on veut suspendre son permis pour 90 jours ».

« C’est une attaque directe contre M. Michel. On atteint l’intégrité de l’entreprise et de l’homme qui est derrière elle », a notamment déploré Me Pichette.

Les juges administratifs ont pris l’affaire en délibéré et elles ont 90 jours pour rendre leur décision.

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