« Ma vie a basculé lorsque mon mari a été assassiné à mes côtés. Cet événement traumatisant m’a brisée pour le reste de mes jours. »

Le témoignage de Pauline Sarrazin, veuve de Jacques Sénécal, abattu par Septimus Neverson en juillet 2006 pendant un braquage dans leur maison de Laval, ne changera rien au sort du criminel : Neverson, reconnu coupable de meurtre, de trois tentatives de meurtre et d’une douzaine de violations de domicile avec agression, écope automatiquement de la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans. Mais Mme Sarrazin souhaitait, dans une lettre qui a été lue en cour, « exposer à l’accusé les souffrances qu’il a causées et le conscientiser au mal qu’il a fait ». Tous ses projets ont été anéantis et elle vit constamment dans la crainte d’être agressée. « Les cauchemars habitent encore mes nuits. Je le vois toujours au pied de mon lit. J’ai les nerfs à vif », confie-t-elle.

Septimus Neverson est cependant resté impassible, comme toujours, quand les témoignages de deux de ses victimes, qui n’étaient pas présentes au tribunal, ont été entendus. Pauline Sarrazin avait raconté, pendant le procès, la nuit d’horreur qu’elle a vécu quand le braqueur s’est introduit dans leur chambre à coucher en pleine nuit pour leur demander de l’argent et des bijoux. Quand son mari s’est levé et a crié, Neverson a tiré deux coups de feu, l’atteignant mortellement.

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Septimus Neverson

Deux balles

Quelques jours plus tôt, le criminel s’était introduit chez Frank Dike, à Ville LaSalle, et a aussi tiré deux fois dans sa direction. Dans son témoignage, M. Dike explique qu’il souffre d’un syndrome de stress post-traumatique et de dépression depuis le drame. Une balle lui a traversé la main et l’autre s’est logée juste à côté de sa moëlle épinière, ce qui a failli le laisser paralysé. « Depuis, je ressens perpétuellement une douleur aiguë, raconte M.  Dike dans sa lettre. Je ne peux pas être assis ou debout pour plus de 10 minutes à la fois. J’ai encore des fragments de balles dans mon corps. »

Comme Septimus Neverson n’a été arrêté qu’en 2015, à Trinidad-et-Tobago, où il avait fui, ses victimes ont vécu plusieurs années dans la crainte qu’il ne revienne sur les lieux de ses crimes. Frank Dike explique qu’il a dû déménager, parce qu’il était inquiet pour la sécurité de sa famille, qu’il a dû vendre ses immeubles à revenus, parce qu’il ne pouvait plus s’en occuper, et que ses blessures physiques et mentales ont conduit à la rupture avec sa conjointe.

Au cours de sa série d’agressions dans 13 maisons de la région de Montréal, en 2006 et 2009, Septimus Neverson a tiré sur deux autres hommes, pris en otage un enfant de 10 ans pour s’en servir comme bouclier humain devant les policiers, a frappé et attaché plusieurs personnes avant de les voler. Il a été déclaré coupable de 54 chefs d’accusation le 10 janvier dernier, mais a annoncé le 12 février qu’il portait en appel son verdict de culpabilité, réclamant son acquittement sur toute la ligne ou la tenue d’un nouveau procès.