(Montréal) Fait inusité : un syndicat conteste la décision d’un tribunal d’ordonner un vote au scrutin secret parmi ses membres.

C’est le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) qui a déposé devant la Cour supérieure deux requêtes qui ont trait à 140 de ses membres qui travaillent à la station écotouristique Duchesnay, dans la région de Québec — l’un des établissements de la Sépaq (Société des établissements de plein air).

C’est qu’un autre syndicat, les Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce, affilié à la FTQ, a maraudé les syndiqués de l’établissement Duchesnay et leur a fait signer des cartes d’adhésion aux TUAC.

Le Tribunal administratif du travail s’est donc retrouvé avec deux syndicats majoritaires pour représenter les syndiqués de l’établissement Duchesnay.

Le 16 janvier, il a donc ordonné un vote au scrutin secret parmi les 140 membres pour déterminer lequel des deux syndicats serait accrédité : TUAC ou SFPQ (un grand syndicat indépendant).

Le SFPQ conteste cette décision du Tribunal. Dans une première requête, il demande à la Cour supérieure de « casser et annuler » l’ordonnance de vote au scrutin secret et, dans une seconde, il demande une ordonnance de sursis, d’ici à ce que la cause soit entendue sur le fond.

Il fait valoir qu’entre-temps, il a été affaibli par une entrave de l’employeur dans ses activités. Le Tribunal lui avait effectivement donné raison, en décembre dernier, et avait condamné l’employeur à lui verser 5000 $ en dommages punitifs pour l’avoir discrédité et déstabilisé dans ses communications aux employés.

« Par ses agissements, l’employeur lui impose un travail de rattrapage, le déstabilise, remet en question la valeur de ses actions et ajoute de la pression sur lui en discréditant sa position de négociation », avait conclu le Tribunal.

Les négociations entre la Sépaq et le SFPQ pour le renouvellement de la convention collective touchant quelque 2500 travailleurs dans l’ensemble du Québec ont été laborieuses et elles n’ont pas encore mené à une entente. Une grève avait débuté dans quelques établissements et sites, l’été dernier, avant qu’une entente de principe soit conclue entre les parties.

L’entente de principe avait toutefois été rejetée par les membres. Les parties s’étaient de nouveau rencontrées, au début de l’automne dernier. Le SFPQ avait déposé de nouvelles demandes, que l’employeur avait jugé démesurées. C’est dans ce cadre que l’employeur avait critiqué le SFPQ, dans ses communications écrites avec les employés — d’où le blâme du Tribunal à l’endroit de l’employeur.