Tenter d’empoisonner un collègue de travail n’a rien d’une « blague », a appris à ses dépens un homme de 60 ans. Ce soudeur risque maintenant la prison pour avoir glissé des comprimés de Valium dans le café d’un collègue. Un geste de pure vengeance qui aurait pu avoir de graves conséquences pour la victime, tombée dans les bras de Morphée.

Michel Julien a plaidé coupable ce mois-ci à une accusation d’avoir « administré une substance délétère » à sa victime dans le but de la « tourmenter ». Une rare accusation utilisée pour les cas d’empoisonnement avec du « poison ou une autre substance destructive ou délétère ».

« C’est le genre d’accusations qu’on ne voit pas souvent, et encore moins dans les circonstances que ça s’est produit », a résumé à la cour l’avocat de la défense, Me Philippe Grenier, le 13 janvier dernier au palais de justice de Montréal. La peine maximale est de deux ans de détention pour cette infraction sommaire.

« C’était quoi le but de faire ça ? » s’est interrogé le juge Jean-Jacques Gagné. « Dans sa déclaration aux policiers, M. Julien a dit : “ C’était une blague.” On se comprend que ce n’était pas une bonne blague. Ils étaient en conflit, ces deux-là », a expliqué Me Grenier, qui souligne que son client s’est depuis « pris en main ».

À couteaux tirés

Michel Julien et la victime, Pierre Tremblay, sont deux collègues soudeurs pour une entreprise de fabrication de chauffe-eau. Les deux hommes sont à couteaux tirés. En septembre 2018, la victime dénonce Michel Julien à leur employeur alors qu’il l’aurait vu consommer de l’alcool au travail.

En arrêt de travail, Michel Julien décide d’assouvir sa vengeance. Il se présente sur les lieux de l’entreprise et lâche trois comprimés de Valium dans le café de Pierre Tremblay, à son insu. Ce dernier avait laissé sa boisson sans surveillance pendant qu’il était au poste de travail des soudeurs.

Médicament de la famille des benzodiazépines, le Valium est prescrit pour soulager l’anxiété, les spasmes musculaires ou pour aider à dormir. Ses effets peuvent apparaître en quelques minutes et peuvent entraîner de la somnolence, des étourdissements et des problèmes d’équilibre.

Peu de temps après avoir bu son café, le soudeur s’endort complètement. Ce n’est que 15 minutes plus tard que ses collègues parviennent à le réveiller. Rentré chez lui, il dort à poings fermés toute la nuit, alors qu’il se réveille pourtant régulièrement.

Dépasser les bornes

Si Michel Julien s’est fait pincer, c’est parce qu’il a « pratiquement annoncé » ses intentions à un autre collègue par message texte. Lorsque ce collègue a appris l’assoupissement inusité de la victime, il a fait « 2 + 2 ». « Il a communiqué avec [Michel Julien] qu’il dépassait les bornes et que ça pouvait être dangereux. Il a avisé son employeur », explique le résumé des faits. Les policiers ont ainsi pu trouver des traces de Valium dans l’urine de la victime.

Comme les policiers savaient que Michel Julien détenait plusieurs armes de chasse, ils ont mené la perquisition en pleine nuit à sa résidence. Il a également plaidé coupable d’avoir menacé de causer des blessures à la victime, d’avoir détenu des armes à feu sans permis et d’avoir contrevenu aux règlements sur l’entreposage des armes à feu.

L’affaire revient en cour en avril prochain en vue des observations sur la peine à imposer.