(Greenbelt) Le droit d’un ancien réserviste de l’armée canadienne d’exprimer ses opinions n’a pas préséance sur le risque qu’il puisse échapper à la justice, a déclaré mercredi un juge américain en ordonnant le maintien en détention du suprémaciste blanc Patrik Mathews.

Le juge Timothy Sullivan a relevé que Patrik Mathews, 27 ans, se trouvait illégalement en territoire américain, qu’il n’avait aucun lien avec les États-Unis et qu’il faisait face à de graves accusations liées à un complot présumé pour semer la violence, causer la mort et provoquer des affrontements raciaux lors d’un grand rassemblement de partisans des armes à feu plus tôt cette semaine en Virginie.

Le procureur adjoint Thomas Windom avait estimé devant le tribunal que ce complot relevait du terrorisme intérieur. « Il n’y a rien de plus grave que le meurtre », a déclaré Me Windom au juge, alors qu’il plaidait pour que le Canadien demeure derrière les barreaux pendant la suite des procédures. « Il n’y a rien de plus grave que d’inciter à la désobéissance civile. C’est exactement ce que M. Mathews avait l’intention de faire. »

Le juge a donné raison au procureur et a ordonné le maintien en détention de Patrik Mathews jusqu’à une audience préliminaire, prévue le 30 janvier. « Il représente un risque sérieux de fuite », a déclaré le juge Sullivan, de la Cour de district au Maryland. « C’est une personne très dangereuse, il épouse des croyances très dangereuses — je ne pense pas que je doive en dire plus. »

L’ancien réserviste canadien et deux autres hommes avaient été arrêtés la semaine dernière après que l’ancien sapeur de combat eut disparu de sa résidence au Manitoba alors que des allégations indiquaient qu’il était recruteur pour une organisation de suprémacistes blancs appelée « The Base ».

Rassemblement en Virginie

Patrik Mathews est accusé aux États-Unis d’avoir transporté une arme à feu et des munitions avec l’intention de commettre un crime et d’être un étranger en possession d’une arme à feu et de munitions. Chaque accusation entraîne une peine maximale de 10 ans de prison, de trois ans de probation et d’une amende de 250 000 $.

Les procureurs allèguent, dans des documents déposés au tribunal, que Patrik Mathews s’est enregistré dans une vidéo dans laquelle il incite à commettre des meurtres, à empoisonner des sources d’eau potable et à faire dérailler des trains.

Une caméra cachée a aussi enregistré des membres d’un violent groupe suprémaciste blanc, dont ferait partie M. Mathews, qui espéraient que des actes violents lors du rassemblement en Virginie cette semaine mènent à une guerre civile, soutiennent les procureurs dans leur requête écrite.

Patrik Mathews ne savait pas que des enquêteurs américains épiaient sa conversation avec deux autres membres du groupe. Le trio parlait alors d’assister au rassemblement en Virginie, qui a attiré lundi à Richmond des dizaines de milliers de personnes et s’est terminé dans le calme.

Le caporal-chef Mathews, sapeur de combat au 38e Groupe-brigade du Canada à Winnipeg, avait fait l’objet d’un article dans le Winnipeg Free Press, au milieu du mois d’août, qui le liait à un groupe néonazi. Le ministère de la Défense nationale a plus tard indiqué qu’il avait été relevé de ses fonctions, accélérant ainsi sa demande de démobilisation. Mathews avait été porté disparu quelques jours plus tard, et son camion a été retrouvé dans le sud du Manitoba, près de la frontière américaine.