Un homme était sur les lieux peu après l’altercation qui a coûté la vie à un adolescent de 15 ans mercredi soir dans un parc de Laval. Il a immédiatement porté secours à la victime, alors grièvement blessée.

« Vers 20 h, un groupe de jeunes s’est présenté au parc Marc-Aurèle-Fortin », a indiqué Geneviève Major, de la police de Laval. Les autorités ne savent pas encore comment la situation a pu déraper au point où un belligérant en a poignardé un autre. « Ce sont tous des gens qui se connaissaient. »

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La police écarte le scénario d’un affrontement entre gangs de rue ou d’une transaction de drogue qui aurait mal tourné.

Non loin de la scène, Benoît Ménard fumait une cigarette à l’extérieur de son domicile lavallois quand des cris stridents ont retenu son attention. « C’était des cris de détresse. J’ai tout de suite su qu’il s’agissait d’un évènement anormal », confie l’homme de 33 ans.

Une cinquantaine de mètres sépare sa résidence du parc Marc-Aurèle-Fortin. Sur place, il constate avec horreur le corps ensanglanté d’un adolescent presque inconscient. « Mon ami. Il s’est fait poignarder », lui dit un des cinq jeunes rassemblés autour de la victime.

« Les ados paniquaient. Ils étaient incohérents. J’ai dû rapidement les calmer et leur parler avec autorité pour prendre en charge le blessé. L’un d’eux était torse nu. Je lui ai prêté de quoi se couvrir », explique M.  Ménard, encore ébranlé par l’épisode tragique.

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Le témoin de la scène, Benoît Ménard

Travailleur en construction et doté de bons réflexes, il a suivi auparavant une longue formation de secourisme. C’est la raison pour laquelle il a pu rester calme et porter secours au blessé en attendant les ambulanciers.

Il a fait une légère pression sur la plaie en faisant très attention, car une des blessures se trouvait près du cœur. Il a rapidement remarqué que la victime « était dans les vapes » et que son pouls était faible.

Les circonstances de ce conflit tourné au drame lui importaient peu, dit-il. « J’étais concentré à essayer de peut-être sauver quelqu’un. Je surveillais son pouls et faisais mon possible pour le garder conscient »

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Une dizaine de minutes plus tard, l’adolescent âgé de 15 ans était en route vers l’hôpital. Grièvement blessé, mais toujours en vie.

Le coup dur est arrivé ce matin pour M.  Ménard, lorsqu’il a appris la mort du jeune homme.

« Je me suis couché la conscience tranquille pensant que ce jeune allait survivre. J’ai versé quelques larmes ce matin, car c’est tragique pour la famille. Je me console en me disant que j’ai fait ce que j’ai pu… »

« Je n’ai pas fait ça par héroïsme, mais plus par instinct », ajoute-t-il bouleversé.

La police écarte le scénario d’un affrontement entre gangs de rue ou d’une transaction de drogue qui aurait mal tourné.

Le suspect comparaît

Un suspect âgé de 16 ans avait pris la fuite avant l’arrivée des services d’urgences, mais a été localisé et arrêté. Il a dû être transporté à l’hôpital pour des blessures mineures, avant de recevoir son congé jeudi matin et d’être transporté jusqu’au poste de police.

Il a comparu par téléphone jeudi après-midi. Il pourrait faire face à des accusations de meurtre au second degré. Il comparaîtra demain après-midi à la Cour du Québec, à Laval.

Il est actuellement pris en charge par la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ).

Le parc Marc-Aurèle-Fortin, où le crime s’est déroulé, est situé dans le secteur Fabreville, dans l’ouest de l’île Jésus. « Il y a souvent des altercations, a expliqué Benoît Ménard, mais elles ne vont jamais aussi loin ».