À l’enquête publique du coroner sur la mort de la petite Rosalie Gagnon, sa mère Audrey a été décrite comme une jeune femme qui s’occupait bien de sa fille, mais qui consommait beaucoup de drogue.

Son dossier criminel comporte aussi plusieurs condamnations pour voies de fait et menaces de mort.

La mort de la petite Rosalie, âgée de seulement 2 ans, avait bouleversé le Québec en 2018.

Sa mère, qui est maintenant âgée de 25 ans, a plaidé coupable à une accusation de meurtre non prémédité et d’outrage à un cadavre. Elle a été condamnée à l’emprisonnement à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant 14 ans.

Les audiences publiques menées par la coroner Géhane Kamel ont débuté lundi matin, au palais de justice de Québec, pour faire toute la lumière sur les causes et les circonstances du décès de la fillette. Cette enquête ne vise pas à attribuer une responsabilité criminelle à qui que ce soit, mais plutôt à formuler des recommandations pour que de tels drames ne se reproduisent pas.

Des témoins sont venus en personne devant la coroner, mais pour d’autres, leurs déclarations recueillies par les policiers ont été lues.

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Audrey Gagnon

Un ancien petit ami d’Audrey a déclaré avoir quitté la jeune femme en 2015 parce qu’elle consommait beaucoup de drogue. Elle l’avait déjà blessé au bras. Quand elle consomme, elle « fait des dessins incompréhensibles, de Satan », a-t-il relaté par écrit.

Une intervenante à la Maison Dauphine — qui vient en aide aux jeunes de la rue — fréquentée par Audrey entre 16 et 19 ans, a rapporté que la jeune fille lui avait confié faire des rites sataniques, soit des « pactes sataniques » qu’elle signait avec son sang et de l’automutilation.

Au moment du drame, la jeune femme prenait de la méthadone, qu’elle devait consommer immédiatement en pharmacie. Elle fumait du pot et buvait six bières chaque jour, a rapporté son petit ami chez qui elle vivait au moment du drame. Selon lui, elle prenait des médicaments pour l’anxiété.

Elle avait récemment emménagé chez lui, n’ayant nulle part où aller. Il l’a décrite comme une bonne mère, qui nourrissait son enfant, changeait sa couche régulièrement et lui donnait un bain à tous les jours. Il ne l’a jamais vue être violente avec sa fille.

Audrey s’est toujours bien occupée de Rosalie, a témoigné de son côté la mère de la jeune femme, par écrit. La veille du drame, Audrey l’a appelée et était calme. Elle lui a demandé de garder l’enfant mais elle a refusé car elle n’allait pas bien, a-t-elle déclaré aux policiers.

Selon un autre ami qui a donné sa version aux policiers, Audrey « faisait passer sa fille avant ses relations amoureuses ».

Autopsie

La fillette a reçu 32 coups de couteau : 26 dans le dos, cinq à la tête et une au pouce.

Parmi les plaies, une à la tête pouvait être mortelle, parce qu’elle a atteint le tronc cérébral : « cela n’a été qu’une question de secondes ou de minutes » avant qu’elle ne meure, a rapporté le pathologiste judiciaire, Dr Yann Dazé.

Des signes de strangulation ou de suffocation étaient présents, et son corps portait aussi des marques de coups.

À part ses constats sur la violence du meurtre, l’analyse du Dr Dazé indique qu’il s’agissait d’une petite fille en bonne santé qui ne montrait « pas de signe de maltraitance ancienne ».

Elle est morte d’un traumatisme à la tête et au tronc, selon le pathologiste.

Le récit de la police

Des enquêteurs du Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) ont relaté le détail de leur enquête à la coroner.

Tout a commencé quand une dame a retrouvé une poussette abandonnée dans un parc. Elle a appelé le 911, déclenchant ainsi un déploiement policier.

Un sac à main retrouvé plus loin contenait un téléphone cellulaire brisé. Les policiers ont été capables le jour même d’extraire les contacts d’Audrey Gagnon, ce qui les mènera au logement de son ami de cœur de l’époque, puis à elle.

La jeune femme déclare d’abord aux policiers que Rosalie est chez son oncle. Mais comme les policiers l’avaient déjà contacté, Audrey Gagnon est mise en état d’arrestation. Elle leur dit alors ne pas se souvenir où elle a laissé sa fille.

Avec eux, elle refait ses pas dans le parc et dit avoir placé Rosalie sur un bac de recyclage pour la pousser, car elle commençait à être lourde. Ils retrouvent finalement la fillette morte, tête première dans un bac à déchets, derrière une maison du secteur de Charlesbourg.

Les audiences se tiendront jusqu’à vendredi au palais de justice de Québec. Des intervenantes de la Maison Marie-Rollet, un organisme pour familles en difficulté où Audrey a habité avec sa fille, seront entendues mardi. Audrey Gagnon doit quant à elle témoigner mercredi.