L’enseignante Bouchra Shelbi assure que le port de son hijab en salle de classe n’a jamais provoqué de « tension sociale » ou de « discorde » avec les parents de ses élèves ou ses collègues. La Montréalaise maintient que son foulard islamique ne l’empêche aucunement de prendre soin de ses élèves.

« Je ne comprends pas en quoi le fait que je porte un foulard l’impose aux autres », s’est questionnée mardi Bouchra Shelbi, au second jour du procès sur la Loi sur la laïcité de l’État. Après trois enseignantes de confession musulmane et sikhe la veille, l’enseignante musulmane a raconté à son tour être brimée par la Loi 21.

De nombreux groupes, dont l’Association canadienne des libertés civiles, le Conseil national des musulmans canadiens et le World Sikh Organization of Canada mènent de front une contestation judiciaire pour invalider la Loi adoptée par le gouvernement Legault en 2019. Le Procureur général du Québec défend la légitimité de celle-ci, alors que d’autres regroupements comme le Mouvement laïque québécois et les Libres penseurs athées prennent part au débat.

La Loi sur la laïcité de l’État interdit à certains fonctionnaires, comme les policiers, les procureurs, les enseignants et les directeurs d’école de porter un symbole religieux dans le cadre de leur travail. Une clause de droit acquis permet toutefois aux fonctionnaires en poste avant l’adoption de la loi de conserver ce privilège.

Enseignante depuis 12 ans au Québec, Bouchra Shelbi soutient n’avoir jamais eu de « clash » entre ses croyances personnelles et celles de ses élèves. « Au contraire, j’ai des élèves de différentes religions qui viennent se confier à moi, qui viennent me parler de leurs traditions et des choses importantes dans leurs familles », a-t-elle expliqué au juge Marc-André Blanchard.

« On est à Montréal. Il y a une société très diverse, l’école représente aussi cette diversité. Mon travail, c’est d’enseigner à mes élèves, et d’être aussi bienveillante à l’égard de tous », a-t-elle ajouté.

Même si elle peut conserver son emploi tout en portant son voile en raison de la clause de droit acquis, Bouchra Shelbi se dit touchée directement par la Loi. En effet, il lui est impossible de changer de poste, par exemple pour devenir conseillère pédagogique.

« C’est comme si la réalité me frappait de plein fouet. C’est une porte qui se ferme, c’est une conséquence directe de cette loi », a-t-elle affirmé à la cour.

Le procès est prévu pour au moins cinq semaines au palais de justice de Montréal.