La Directrice des poursuites criminelles et pénales, MAnnick Murphy, partira à la retraite plus tôt que prévu, en février prochain, a appris La Presse.

MMurphy en a fait l’annonce à tous les procureurs du DPCP par courriel, en milieu d’après-midi. Le mandat de MMurphy, qui est officiellement entrée en fonction en janvier 2015, devait à l’origine durer sept ans, et se terminer en 2022.

« Cette décision de quitter mes fonctions est mûrement réfléchie et est motivée par plusieurs raisons personnelles, dont la nécessité de ralentir le rythme effréné du travail, de retrouver du temps pour moi, ma famille et d’aller voir ailleurs si j’y suis ».

« Je quitterai des gens que j’apprécie, des amis aussi et une institution que j’aime et dont je suis très fière. D’ici là, poursuivons tous ensemble le travail avec le professionnalisme pour lequel nous sommes reconnus », écrit notamment MMurphy dans son courriel envoyé à tous les procureurs.

40 ans de carrière

Dans son message Me Murphy dit avoir prévenu le ministre de la Justice de sa décision lundi matin.

Admise au Barreau en 1980 et au DPCP l’année suivante, elle souligne avoir œuvré « à la poursuite publique au service de l’État et de mes concitoyens durant 40 ans ».

Me Murphy a passé une bonne partie de sa carrière à la Chambre de la jeunesse avant de devenir directrice adjointe du DPCP en 2012, puis directrice trois ans plus tard.

Après la fin abrupte des procédures de l’enquête SharQc contre les motards criminels à l’automne 2015, elle a demandé à Me Jean Lortie de mener une enquête administrative sur les raisons de cet échec et a nommé Me Michel Bouchard à la tête d’un comité d’examen qui a eu pour mandat de réfléchir sur la gestion des mégaprocès au Québec.

En octobre 2018, Me Murphy a demandé au Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) d’enquêter sur les fuites médiatiques survenues à l’Unité permanente anti-corruption (UPAC) depuis 2012, et sur la façon dont l’UPAC a mené l’enquête interne sur les fuites de documents qui s’était soldée par l’arrestation du député Guy Ouellette en octobre 2017. Cette enquête du BEI, baptisée Serment, est toujours active.

En février 2019, Me Murphy avait porté plainte contre le directeur de la Sûreté du Québec, Martin Prud’homme, à la suite d’une conversation téléphonique qu’elle avait eue avec ce dernier seize mois plus tôt, et le chef de la police provinciale a aussitôt été relevé provisoirement de ses fonctions.

En mars dernier, Martin Prud’homme a été blanchi de toutes allégations criminelles mais il est toujours suspendu.

Un comité formé de trois juristes, Me Michel Bouchard, ancien sous-ministre à la Justice, Louis Sormany, ancien secrétaire général associé à l’éthique, et Luc Chamberland, ancien directeur du contentieux au ministère de la Justice, ont agi pour le Secrétariat des emplois supérieurs et recommandé sa destitution.

L’affaire est maintenant devant la Commission de la fonction publique.

La personne qui succèdera à Me Murphy à la tête du DPCP devra être choisie par les deux tiers des élus de l’Assemblée nationale.

Pour joindre Daniel Renaud, composez-le (514) 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.