Un couple de la région de Saint-Hyacinthe accusé d’avoir tué deux individus liés à la mafia montréalaise en 2016 tentera de convaincre la Cour supérieure jeudi à Montréal de les libérer en attendant la suite des procédures.

Marie-Josée Viau et son conjoint, Guy Dion, ont été arrêtés il y a presque un an, jour pour jour, le 16 octobre 2019, pour les meurtres des frères Vincenzo et Giuseppe Falduto, commis présumément dans le garage de leur résidence de Saint-Jude autour du 30 juin 2016.

PHOTO FOURNIE PAR LA SÛRETÉ DU QUÉBEC

Guy Dion

Marie-Josée Viau et Guy Dion, qui sont détenus depuis leur arrestation, ont été arrêtés en même temps que deux individus, Jonathan Massari et Domenico Scarfo, accusés des meurtres de deux capitaines du clan sicilien de la mafia montréalaise commis la même année, Rocco Sollecito et Lorenzo Giordano.

Selon la théorie de la Sûreté du Québec, qui a mené l’enquête baptisée Préméditer, les meurtres de Sollecito, Giordano et des frères Falduto ont été commis sur les ordres des frères Salvatore et Andrew Scoppa, dans le contexte d’un conflit qui perdurait au sein de la mafia entre clans calabrais et sicilien.

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Marie-Josée Viau

Les frères Scoppa ont été assassinés à leur tour l’an dernier. Le calme est revenu au sein de la mafia montréalaise depuis.

L’ACI au cœur des débats

La preuve accumulée contre Marie-Josée Viau et Guy Dion repose en grande partie sur un individu qui a participé aux meurtres, qui est devenu agent civil d’infiltration (ACI) durant l’enquête et qui a signé un contrat avec l’État.

L’identité de cet homme, qui a fait des témoignages vidéo et porté un appareil d’enregistrement portatif lors de conversations avec des suspects durant l’enquête Préméditer, ne peut être dévoilée en vertu d’un interdit de publication.

En juin dernier, cette taupe a toutefois été condamnée à neuf mois de prison pour avoir menacé des policiers.

Dans leurs requêtes pour obtenir leur libération provisoire, Marie-Josée Viau et Guy Dion attaquent la crédibilité de l’ACI, la probité de l’enquête et la gestion par l’État de l’ACI, des questions qui se retrouveront sûrement au cœur du procès devant jury qui doit se tenir à la fin de l’hiver prochain.

Ils reprennent également les propos de l’ACI qui a dit aux policiers que le couple n’était pas présent lors du meurtre, mais qu’il a ensuite été impliqué dans la disposition des corps des deux frères Falduto. Selon nos informations, ceux-ci n’ont jamais été retrouvés malgré des fouilles effectuées sur le terrain du couple à Saint-Jude.

Pour convaincre le juge Michel Pennou de la remettre en liberté, Mme Viau souligne notamment qu’elle n’a aucun antécédent criminel, qu’elle ne quittera pas le pays, qu’elle occupera l’emploi qu’elle occupait avant son arrestation et qu’une amie veillera à ce qu’elle respecte ses conditions.

En raison de ses moyens financiers limités, elle offre une garantie pour un engagement sans dépôt d’une somme de plus de 7000 $, alors qu’une autre amie s’engage pour un montant de 40 000 $.

Des proches de M. Dion s’engagent pour leur part à un montant de plus de 6000 $. Lui-même met sa maison en garantie.

Guy Dion, qui était directeur des incendies de Saint-Jude, opérateur de machinerie lourde à Saint-Hyacinthe et arbitre au hockey mineur avant son arrestation, a l’intention de travailler comme opérateur de camion dans une entreprise de la Montérégie s’il est libéré provisoirement.

L’accusation de meurtre est la plus grave du Code criminel et il est très rare qu’un accusé obtienne sa libération sous conditions en attendant la suite des procédures.

– Avec la collaboration de Vincent Larouche, La Presse

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